ROGER AMAND
ancien de Valéo, victime professionnelle

«  Je portais des morceaux
d’amiante à bras-le-corps  »

« J’ai commencé à m’intéresser à l’affaire de l’amiante un peu par hasard. François Martin cherchait dans l’usine un volontaire pour l’aider. Je travaillais au contact de l’amiante depuis 1964. Avec mes collègues, je portais des morceaux d’amiante à bras le corps sans aucune protection. Ces fibres servaient à fabriquer des tissus et des vêtements qui devaient résister au feu, pour les pompiers notamment.
J’ai été reconnu avec 15% d’incapacité en 1997 jusqu’à 65% aujourd’hui. J’ai subi une opération d’un poumon  ! J’ai eu du mal à être indemnisé. Il y a eu des contre-expertises et d’autres papiers à remplir.
Il me semble naturel d’aider les gens à remplir leurs dossiers même si, aujourd’hui, c’est plus difficile de se mobiliser. Les adhérents vieillissent, tombent malades...
 »


ISABELLE DEROY
victime environnementale

«  Mes deux soeurs et moi
sommes malades  »

Lorsqu’elle était enfant, Isabelle Deroy qui habitait Caligny, jouait à côté du pont, avec ses sœurs.
Ses parents travaillaient à l’usine Ferrodo. Elle se souvient de la poudre blanche qui recouvrait tout et de sa mère qui lavait les vêtements de travail de son père.
«  J’ai du être contaminée comme mes deux sœurs à cette période parce que je n’ai jamais travaillé au contact de l’amiante. J’ai eu trois cancers dus à l’amiante. Mes parents, mon oncle, sont tous les deux morts (ma mère d’un mésothéliome, mon père d’un cancer du péritoine, ils travaillaient comme manutentionnaires dans l’usine) d’une maladie due à l’amiante et mes deux sœurs et moi sommes malades. Je ne peux plus travailler mais j’ai du mal à obtenir une indemnisation du Fiva. On me réclame sans arrêt de nouveaux papiers alors qu’il est attesté que mes cancers sont dus à l’exposition à l’amiante. »


JEAN-CLAUDE BARBE
exposé à l’amiante chez Valéo

«  J’ai une épée de Damoclès
au-dessus de la tête  »

Jean-Claude Barabé est rentré chez Valéo en 1968.
Il a fait toute sa carrière chez Valeo et Ferrodo d’abord à la production puis à la maintenance. Un accident du travail l’a obligé à quitter
ses fonctions et il a achevé sa carrière au gardiennage.
« Je n’en veux pas à nos patrons qui étaient sur place. Souvent, ils subissaient aussi les ordres et ils étaient exposés un peu comme nous.
Ceux à qui je ne peux pas pardonner et qui doivent s’expliquer, ce sont les grands patrons et le médecin du travail qui ne nous a jamais alertés et qui a même minimisé les dangers et les maux dont nous souffrions.
Je ne suis pas malade mais je vis avec une véritable une épée de Damoclès au dessus de la tête.
Il ne se passe pas une journée sans qu’on apprenne que quelqu’un d’autre est malade, ou que l’état d’un autre se détériore. J’y pense tout le temps. C’est très difficile d’être confronté à toutes ces souffrances.
 »

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Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°45 (avril  2014)