10 décembre 2013 : Toutes les mises en examen décidées par la juge Bertella-Geffroy dans les dossiers d’Eternit et de Condé-sur-Noireau sont confirmées par un arrêt de la Cour de cassation. Une victoire pour toutes les victimes et un formidable encouragement à continuer notre lutte pour un procès pénal de l’amiante.

11 décembre 2013 : après l’annonce de 72 dépassements des valeurs limites d’exposition, un rapport d’expertise décrit la migration des fibres d’amiante par les gaines de ventilation de la Tour Montparnasse. Une alerte rouge qui confirme la réalité des risques que des copropriétaires irresponsables, poursuivis pour mise en danger d’autrui, s’obstinent à nier encore aujourd’hui.

Deux événements qui justifient pleinement le thème central de la manifestation nationale des victimes de l’amiante le 12 octobre dernier  : prévenir les risques, punir les responsables.
Oui, il faut juger et punir TOUS les responsables : les employeurs qui ont exposé sciemment leurs salariés à un danger qu’ils ne pouvaient ignorer ; les industriels de l’amiante qui, dans tous les pays, ont fait pression sur les gouvernements pour « assouplir la réglementation » et retarder l’interdiction ; les pouvoirs publics qui ont capitulé devant leurs pressions en adoptant une valeur limite d’exposition professionnelle de 2000 fibres par litre, en sachant que les cancers de l’amiante allaient se mutliplier chez les ouvriers qu’elles ne protégerait pas ; les médecins qui leur ont apporté une caution scientifique, en traficotant les statistiques pour obtenir des chiffres rassurants...

Il ne s’agit pas de vengeance, mais de justice. Il faut comprendre les mécanismes de la catastrophe, analyser les responsabilités, pour éviter que les générations futures ne revivent les mêmes drames.
Mais nous devons aussi agir, ici et maintenant, pour la prévention du risque amiante.

Hier, des irresponsables ont mis de l’amiante partout car c’était un « matériau-miracle » très bon marché. Aujourd’hui l’amiante est interdit mais il est toujours là : dans la Tour Montparnasse, dans les HLM, dans les hôpitaux et les écoles. La facture du désamiantage et de la gestion des déchets sera lourde.
Le coût humain, si la sécurité n’est pas respectée sur les chantiers, plus terrible encore.
Dans un Etat de droit, prévenir et punir sont les deux piliers d’une politique de Santé publique : la sanction pénale est une incitation à renforcer la prévention et à respecter la vie humaine.
Le rôle de notre association ne se limite pas à aider les victimes à être indemnisées de leurs préjudices. Il est aussi d’agir sur le terrain de la prévention pour éviter que l’amiante en place ne fasse de nouvelles victimes dans 30 ans.

Alain BOBBIO
Pierre PLUTA


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°44 (janvier 2014)