Un fim d’Emmanuel Roy


La part du feu, c’est ce que l’on sacrifie pour sauver l’essentiel. L’amiante protégeait de presque tout, à moindre coût, pour un profit maximum. C’était l’essentiel.

La part du feu, c’est l’écho de la parole de mon père, celle d’un enseignant mort d’un mésothéliome, cancer de l’amiante, cancer d’ouvrier.

La part du feu, c’est l’inquiétude qui m’accompagne depuis sa mort et que je décide d’affronter aujourd’hui, dans des paysages contaminés, auprès de ceux qui éprouvent ce même sentiment, pour changer ensemble la peur en action.

Emmanuel ROY,
le réalisateur.


Avant d’être un film sur l’amiante, c’est d’abord un témoignage.
Le témoignage émouvant d’un fils qui a vu son père partir des suites d’une maladie qu’il n’aurait jamais pensé contracter.

Le film se compose de trois parties qui s’entrecroisent, s’interrogent et se répondent.
D’abord, c’est le récit posthume du père, proviseur de lycée. La montée en puissance d’une étrange maladie que personne ne semble parvenir à diagnostiquer. Jusqu’à la découverte, sidérante.
Puis, c’est le désamiantage exemplaire d’un ancien gymnase. Un « grand corps malade » comme le nomme Emmanuel Roy. Lente, précise, presque lancinante dans le déroulé des procédures et des mesures de protection, cette séquence constitue le cœur du film.
Enfin, les témoignages qui donnent le rythme à l’ensemble : une victime, la sœur d’une victime décédée, un ancien inspecteur du travail et une désamianteuse viennent, chacun à leur manière, exprimer leur colère, leur incrédulité et parfois leurs espoirs de voir leurs efforts porter leurs fruits au-delà de leur histoire personnelle.
Le film est lent, presque contemplatif. On n’y trouvera pas la masse d’informations que d’autres documentaires ont déclinées avant lui. Mais ce n’est pas son objet. Inspiré par le journal intime de ce père décédé en 1993 et retrouvé bien plus tard par l’auteur, le film ne s’éloigne jamais du ton de la confidence.
Ainsi les quatre témoins, réunis pour l’occasion, sont filmés en gros plan alors qu’ils longent le grillage de l’usine ou scrutent l’avancée du chantier. Jamais l’œil de la caméra ne les quitte, comme si le spectateur les accompagnait réellement dans leurs déambulations. Car les sentiments qui les traversent sont aussi importants pour l’auteur que les faits qu’ils énumèrent. Comme s’il tentait, à travers eux, de retrouver l’écho des inquiétudes de ce père trop tôt disparu.
D’ailleurs, si on devait le décrire en un mot, on pourrait dire que c’est un film sur l’inquiétude. Un sentiment bien connu des victimes et des personnes exposées à l’amiante.

« La Part du Feu », un film d’Emmanuel Roy, avec la voix de Franck Trillot, lisant le journal d’Henri Roy.

Durée 88 minutes
Dossier de presse et
photos disponibles sur
www.shellac-altern.org


Des projections-débats pour les associations

Le film vient de sortir dans les salles. Conformément à la loi, le DVD ne sera donc pas disponible avant 6 mois. Des projections publiques suivies de débats peuvent cependant être organisées à la demande d’associations. C’est le souhait de l’auteur et de l’équipe du film.

Les associations intéressées peuvent contacter Philippe Hagué (tél. 06 07 78 25 71). Il se
chargera de trouver un accord avec une salle de cinéma locale.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°44 (janvier 2014)