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La Convention de Rotterdam a été créée sous l’égide des Nations Unies pour protéger la vie humaine et l’environnement par la procédure dite du « consentement préalable éclairé » (Prior Informed Consentment, PIC en anglais) : l’exportateur doit informer le pays importateur des dangers du produit et recueillir son accord. Un frein modeste mais estimable au commerce des produits les plus dangereux.
Mais les décisions se prennent à l’unanimité   : il suffit du veto d’un seul pays dont les représentants ont été convaincus ou achetés par l’industrie pour qu’un produit mortel ne soit pas sur la liste !
Pendant 10 ans, le Canada a utilisé cette règle pour bloquer l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste PIC, revendiquant ainsi le droit d’exporter le cancer sans en informer les peuples concernés.
A Genève en juin 2013, la Russie et l’Inde qui ont pris le relai du Canada ont gagné : l’amiante chrysotile ne sera pas inscrit !
Comment prendre au sérieux une institution créée sous l’égide des Nations Unies qui, depuis dix ans, échoue à inscrire sur la liste des produits dangereux le plus grand tueur planétaire dans le monde du travail ?
Pour écrire un avertissement sur les paquets de cigarette, faut-il d’abord recueillir l’accord de chaque marchand de tabac ?


RECIT D’UN DESASTRE
Comment prendre au sérieux une institution qui depuis dix ans échoue à inscrire l’amiante sur la liste des produits dangereux ?

La Convention
ridiculisée par le veto de sept pays

La Russie, premier producteur et exportateur mondial d’amiante et l’Inde, premier importateur, se sont mis d’accord pour déclarer que l’amiante n’est pas dangereux et que le reste du monde, l’Organisation mondiale de la Santé, l’Union Internationale contre le Cancer et les sociétés savantes de cancérologie et d’épidémiologie se trompent.
Cinq autres pays les ont suivis (Kazakhstan, Kirghizistan, Ukraine, Vietnam, et Zimbabwe). Le Brésil, troisième producteur mondial et le Canada, ex-numéro un de l’amiante, se sont abstenus.
Les mensonges cyniques d’une poignée de gouvernements ont donc, une fois de plus, ridiculisé les Nations-Unies et la Convention de Rotterdam.

Les victimes de 5  continents ont fait entendre leur voix

Le jour de l’ouverture de la Convention, l’Andeva, organisait, avec l’Afeva (Italie) et la Rotterdam Convention Alliance (ROCA) une manifestation à Genève, Place des Nations, à deux pas du centre de conférences CICG où se tenait la Convention.
Une centaine de manifestants français et italiens, auxquel s’étaient joints les représentants internationaux de la société civile (ROCA) et des militants anti-amiante venus des états-Unis, d’Angleterre, d’Allemagne, de Suisse et du Japon. Une trentaine d’associations du monde entier avaient pris position. Les associations indiennes avaient envoyé des photos de victimes mortes de l’amiante. Des associations canadiennes avaient envoyé des messages.
Tous portaient la même exigence : que tous les pays participants respectent l’esprit et la lettre de la Convention de Rotterdam en inscrivant sur l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux. Cette variété d’amiante qui représente 100% de l’amiante actuellement commercialisé a déjà provoqué plus d’un million de morts.
Des représentants des victimes de plusieurs pays ont porté ce message dans la conférence. Laurie Kazan a obtenu deux minutes d’intervention en assemblée plénière.
Une conférence de presse a été organisée.

Un incroyable
mépris pour la santé et la vie humaine

Il est clair maintenant que la Russie et le Zimbabwe n’ont - tout récemment - ratifié la Convention de Rotterdam, que pour mieux la saboter.
Le gouvernement de l’Inde, qui avait accepté en 2011, l’inscription de l’amiante sur la liste des produits dangereux, la refuse aujourd’hui.
L’attitude irresponsable de ces  sept pays voyous - dictée par la seule recherche de profits immédiats et douteux - témoigne d’un mépris ahurissant pour la science et la santé publique.

Remettre en
question la règle d’unanimité

La Convention de Rotterdam peut être rangée aux oubliettes des bonnes idées inutiles si elle ne change pas ses règles de fonctionnement. La règle d’unanimité consensuelle la paralyse. Il faut passer outre.
Les gouvernements qui veulent vraiment respecter ses objectifs («   protéger la santé des personnes et l’environnement   ») n’ont d’autre choix que ignorer les conclusions officielles de la Conférence et de mettre en place la prévention face au danger de l’amiante, en excluant les pays qui ne veulent pas protéger leur population.Il faudra commencer par un strict contrôle douanier pour s’assurer de l’absence d’amiante dans les produits en provenance des pays qui veulent en cacher les dangers.

La meilleure
protection, c’est l’interdiction

L’inscription de l’amiante sur la liste PIC est un objectif immédiat, légitime mais limité. Il doit être resitué dans ce qui est pour nous la perspective essentielle    : l’interdiction, dans tous les pays, de ce matériau mortel et l’éradication de l’amiante en place.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°43 (septembre 2013)

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