N’est-ce pas le monde à l’envers ?

« Notre dernier patron, Monsieur Claude Chopin, vient de déclencher une procédure auprès de la Cour d’Appel de Paris. Il y sollicite un non-lieu en invoquant le principe du délai raisonnable. Estimant les procédures trop longues qui violeraient son droit à un procès équitable, Monsieur Chopin demande - en fait - à être débarrassé d’Amisol.

Il n’est pas inutile sûrement de rappeler que le nombre de morts, de malades, est impossible à recenser, quasiment aucune personne ayant séjourné dans l’entreprise des Chopin n’échappe à la maladie, conséquence de la fibre tueuse, les ouvriers des entreprises extérieures qui y intervenaient eux aussi.

Oser relancer la procédure, vouloir être blanchi en arguant des délais… de latence de la machine judiciaire, voilà qui est un comble, une marque de mépris absolu pour les victimes qui, elles, sont aux prises avec un autre délai, celui qu’il faut au poison pour faire son œuvre.

Amisol a beaucoup tué, semé la maladie, la souffrance. La société a bien l’obligation de demander des comptes à ceux qui l’ont dirigé, notamment au dernier P.D.G., Claude Chopin, qui a reçu de son père, et accepté, l’usine en l’état, et le poste de P.D.G., sachant parfaitement où il mettait les pieds. Dans une usine, il y a des locaux, des machines et du personnel. Dans celle-ci, il y avait des montagnes d’amiante en vrac et des ouvriers contaminés.

Les délais de la Justice sont longs. Ils sont d’abord et surtout plus longs pour les victimes.

La justice se trouve aujourd’hui avec, sur chaque plateau de sa balance, une partie du scandale d’Amisol.

- Sur un plateau, le P.D.G. Chopin qui trouve le temps long et demande à être blanchi.

- Sur l’autre plateau, les victimes d’Amisol qui n’en peuvent plus d’attendre que la justice fasse son travail.

Nous essaierons d’attendre encore en contenant notre colère, et le 08 février, date du rendu de la décision, quelle qu’elle soit, notre combat continuera. IL est pour nous presque insupportable que le Parquet Général soutienne la demande de non-lieu du P.D.G. : c’est tellement immoral. En regardant l’actualité, comment ne pas se poser de questions ? Un haut fonctionnaire sera peut-être mis en examen et le P.D.G. de la pire usine d’amiante aura peut-être un non-lieu.

Quelle que soit l’issue de cette procédure, nous userons de tous les moyens juridiques à notre disposition jusqu’à ce que la justice entende les victimes d’Amisol.

Nous tenons à rendre hommage au travail soutenu du cabinet Teissonnière qui défend et accompagne les victimes d’Amisol depuis la création du CAPER. Il sera à nos côtés dans cette affaire pour explorer les voies qui permettront d’approcher, au moins, la justice, et conforter les victimes.

Fait à Clermont-Ferrand le 17 novembre 2012

Josette ROUDAIRE

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°41 (janvier 2013)