« Une cartographie de l’amiante et de ses ravages »

 

L’après-midi a présenté une cartographie de l’amiante et de ses ravages sur la planète, avec des exposés et des tables rondes sur trois thèmes.

1) L’usage « contrôlé » dans les pays en développement 

Les intervenants :

Mohit Gupta (Inde), Hermano Castro et Fernanda Giannasi (Brésil), Kathleen Ruff et Fernand Turcotte (Canada), Yeyong Choi (Corée), Guadalupe Aguilar (Mexique), Laurie Kazan (Grande-Bretagne), Marc Hindry (Andeva, France).

L’usage « sécuritaire » de l’amiante est une fable propagée par les industriels de l’amiante partout où ce commerce mortifère prospère. Avec une belle hypocrisie, le Canada préférait l’exporter sans l’utiliser chez lui. Les autres pays producteurs (Russie, Chine, Brésil, Kazakhstan) en utilisent eux-mêmes une bonne partie.

L’Inde est le premier importateur d’amiante mondial. Les photos ramenées par Mohit Gupta ont montré, si besoin était, que « l’utilisation sécuritaire » est un mensonge criminel.

Le Mexique en utilise beaucoup moins mais les précautions y sont absentes et le nombre de mésothéliomes important.

La situation au Brésil est plus contrastée : cinq états de l’union ont interdit l’amiante, une moitié des industries s’est converti au sans amiante (dont Brasilit, la filiale de Saint-Gobain), mais le lobby de l’amiante, dirigé par Eternit et la compagnie minière SAMA restent fort ; l’information sur les risques et la prévention sont presque inexistantes.

La Corée, comme le Japon, fait partie des ex-grands consommateurs d’amiante ayant interdit l’amiante durant la dernière décennie.

La responsabilité écrasante des autorités canadiennes est dénoncée par Kathleen Ruff, militante des droits de l’Homme, et Fernand Turcotte, médecin professeur de santé publique.

2) L’indemnisation et le traitement des victimes 

Les intervenants :

Tina da Cruz (Afrique du Sud), Juan Carlos Paul et José Valdés (Espagne), Tinka de Bruin (Pays bas), Eric Jonckheere (Belgi-que), Arnaud de Broca (FNATH, France), Marie-José Voisin, François
Desriaux et Michel Parigot
 (Andeva, France).

Dans de nombreux pays, les registres de cancers sont inexistants ou inopérants et les victimes de l’amiante restent ignorées ou sans droit.
Dans certains pays européens, la situation reste assez mauvaise, comme l’explique Juan Carlos Paul.

La discussion a permis de faire une comparaison entre d’une part les systèmes d’indemnisation européens (France, Hollande, Belgique...) et d’autre part le fonds d’indemnisation sud-africain (« Asbestos Relief Trust ») et les systèmes récemment mis en place au Japon et en Corée.

Nos invités étrangers ont été impressionnés par la qualité des principes régissant le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante français : indemnisation de toutes les victimes professionnelles et environnementales, réparation intégrale de tous les préjudices... (FIVA).

L’indemnisation par des procès contentieux a été abordée, tout comme la nécessité morale de faire respecter le principe « pollueur-payeur ».
Eric Jonckheere a évoqué le procès de Bruxelles contre Eternit, première victoire judiciaire en Belgique pour une victime environnementale.

3) La Prévention et les actions internationales

Les intervenants : 

Bruno Pesce (Italie), Pat Martin, Daniel Green et Anne-Marie Saint-Cerny (Canada), Lisa Singh (Australie), Sugio Furuya (Japon), Laurie Kazan (Grande-Bretagne), Linda Reinstein et Barry Castleman (Etats-Unis), Alain Bobbio (Andeva, France).

La prévention du risque amiante peut se décomposer en deux étapes :

1) la fin de l’utilisation de l’amiante, qui passe par l’interdiction,

2) des politiques et pratiques de décontamination des bâtiments et lieux contenant de l’amiante.

Le but à terme est l’éradication totale de l’amiante.

Deux parlementaires, Lisa Singh (sénatrice d’Australie) et Pat Martin (député du Canada) ont présenté des actions ménées auprès de leurs gouvernements.

Lisa Singh fait état de la volonté d’une partie du gouvernement australien de d’interdire l’amiante dans le monde.

Pat Martin évoque ses racines dans le mouvement syndical et présente au nom du Canada des excuses pour les actions aux conséquences tragiques des industriels et des gouvernements de son pays.

Linda Reinstein et Barry Castleman ont rappelé les effets catastrophiques – aux États-Unis et par ricochet dans le monde entier – de l’annulation en 1991 par voie judiciaire, de la décision d’interdiction de l’amiante aux USA par l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA).

Sugio Furuya a décrit les progrès effectifs et les espoirs futurs pour l’Asie du Sud-Est – la région du globe la plus peuplée et la plus dévoreuse d’amiante. Le Japon a interdit l’amiante en 2005 avec un délai accordé à l’industrie. L’interdiction est maintenant complète ; la Corée a décrété l’interdiction de l’amiante en 2007 et celle-ci a été effective dès 2009. Un des gros consommateurs d’Asie, la Thaïlande semble s’acheminer vers l’interdiction.

La décision du nouveau gouvernement québécois de Pauline Marois - encore incertaine à la date de la conférence – est longuement discutée par Anne-Marie Saint-Cerny et Daniel Green, fondateurs de l’association de victimes du Québec.

------------------------------------

Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°41 (janvier 2013)