Après plus d’un siècle d’exploitation, les mines d’amiante du Québec sont aujourd’hui définitivement fermées.

UN SIÈCLE DE MENSONGES

 

Au Canada, l’histoire de l’amiante démarre à la fin du XIXème siècle et l’histoire des mensonges sur l’amiante commence au début du XXème siècle.

Les mines de Thetford ont démarré en 1877, la mine Jeffrey en 1881. Elles ont été les principales mines mais il y a eu aussi des plus petites mines à East-Broughton, également en Ontario et en Colombie canadienne la mine Cassiar, près du lac McDame. La mine Jeffrey a été exploitée à partir des années 1920 et jusqu’en 1978 par la compagnie canadienne Johns-Manville.

Aucune inquiétude ...

 

Quand des médecins britanniques, Merewether et Price notamment, commencèrent à s’inquiéter de la morbidité chez les ouvriers de l’amiante, ils écrivirent naturellement à leurs homologues des mines du Québec d’où venait cet amiante. La réponse doit figurer parmi les premiers d’une longue série de mensonges canadiens et est signée du Dr Pedley qui travaillait pour le département d’hygiène industriel créé en 1926 par une compagnie d’assurance ; le médecin indique que «  à sa connaissance il n’y a pas de rapport notant des cas de pneumoconiose au Canada » (Journal de santé publique canadien, 1930). L’affirmation de ce médecin était malhonnête : il avait eu entre les mains des rapports discutant le nombre de cas d’asbestose ; l’attitude de la compagnie d’assurance également : depuis la fin des années 1910, les compagnies d’assurances-vies canadiennes et américaines avaient déjà pris l’habitude de refuser les travailleurs de l’amiante, par suite des conditions nocives de l’industrie pour la santé.

Pendant la majorité du XXème siècle, le commerce de l’amiante a été une activité puissante et lucrative. Les entreprises qui vendaient le minerai ont amassé des fortunes, les emplois québécois ont longtemps été mal payés et dangereux. En fait, beaucoup de travailleurs sont morts des suites de l’exposition continue, et sans aucune protection, à la poussière d’amiante.

Un épisode est célèbre même s’il reste mal compris : la grève d’Asbestos de 1949, qui dura plus de 8 mois, s’étendit aux mines de Thetford, a été l’un des conflits de travail les plus sévèrement réprimés de l’histoire du Québec.

Les industriels savaient...

 

L’Association des Producteurs d’Amiante du Québec (QAPA puis QAMA) a longtemps organisé, financé la désinformation. Les industriels canadiens ont notamment financé, dès 1966, les études épidémiologiques aujourd’hui extrêmement contestées de Corbett McDonald, à l’université de McGill. La date n’est pas accidentelle : le gouvernement canadien a créé en 1965 un registre des mésothéliomes et les industriels savaient qu’il fallait faire quelque chose …

On retrouvera plus tard McDonald comme fidèle défenseur du chrysotile en 1999 au Brésil, invité par les industriels brésiliens effrayés par les discussions sur une interdiction éventuelle, en 2000 à l’OMC dans la procédure que le gouvernement canadien tentera vainement pour bloquer l’interdiction de l’amiante en France.


Une sombre page de l’histoire du Canada est en train de se refermer.
Sombre, car le Canada a non seulement été pendant trois-quarts de siècle le plus gros producteur d’amiante et empoisonneur de la planète, mais les industriels canadiens, relayés depuis trente ans par les autorités canadiennes ont été les principaux artisans de la propagande mensongère et meurtrière concernant l’amiante.

Cette propagande aura permis au Canada de vendre environ 60 millions de tonnes d’amiante dans le monde, aura causé plusieurs millions de morts dans le monde et continue à se répandre dans le monde.
En 2012, le Canada arrête donc définitivement l’amiante ; en fait la production a cessé en novembre 2011.

- Durant 2008, Bell Mine a été fermée et Jeffrey mine a suspendu ses opérations ;

- En novembre 2011, la mine Lac d’amiante, exploitée par LAB chrysotile a également fermé ;

- En avril 2012, l’Institut du chrysotile canadien a fermé ses portes ;

- Après avoir obtenu dans un premier temps en juin 2012 un « prêt » gouvernemental de 58 millions de dollars, la mine Jeffrey a vu ce prêt annulé en octobre 2012 par le nouveau gouvernement québécois de Pauline Marois qui a courageusement préféré la morale et la santé publique à l’aveuglement, la démagogie et la corruption des gouvernements précédents ;

Dans le foulée, le gouvernement fédéral de Stephen Harper et de son ministre Christian Paradis a annoncé qu’il renonçait à bloquer la prochaine convention de Rotterdam (prévue en avril 2013)

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°41 (janvier 2013)