Cette officine de propagande meurtrière était financée par les
industriels de l’amiante et les autorités canadiennes qui lui ont versé des millions de dollars.

L’Institut de l’amiante a été créé officiellement en 1984 ; c’est en effet au début des années quatre-vingt que les autorités fédérales et québécoises se mettent à appuyer de façon musclée l’industrie de l’amiante.

Budget annuel : 700 000 dollars

 

L’Institut a reçu en moyenne 250 000 dollars du gouvernement fédéral chaque année et 200 000 dollars du gouvernement provincial, le reste du budget de 700 000 dollars de l’organisme était complété par les industriels, d’abord donc avec de l’argent public, puis par les deux grandes compagnies : LAB Chrysotile (ville de Thetford Mines) et Mine Jeffrey (ville d’Asbestos).

En 1989 aux USA, l’Environnement Protection Agency a décidé de bannir tous les produits à base d’amiante sur le territoire des États-Unis pour des raisons de santé publique. Progressivement, à peu près toutes les organisations de santé importantes du globe ont emboîté le pas pour réclamer l’arrêt de l’utilisation de l’amiante.

Un combat international contre l’interdiction

 

Cette décision a été attaquée en justice par les industriels américains (qui ont hélas gagné) mais aussi par le gouvernement fédéral canadien, la province du Québec, l’Institut de l’amiante et la compagnie Cassiar (qui déclarera faillite et fermera sa mine en 1992).

L’Institut de l’amiante combattra de nouveau aux côtés du gouvernement canadien l’interdiction de l’amiante en France, mais cette fois-ci sans succès : l’Organisation mondiale du commerce estimera que la mesure, bien que présentant une entrave au commerce, était légale car prise pour la protection de la santé de la population.

L’Institut de l’amiante - rebaptisé opportunément Institut du chrysotile en 2003 - s’opposera aux côtés du gouvernement canadien à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux prévue par la convention de Rotterdam. Le Canada a récidivé avec succès en 2004, 2006, 2008 et 2011.

L’Institut est mort, mais il continue à sévir

 

Le gouvernement canadien a dû renoncer à financer l’organisme de propagande et corruption.
L’Institut canadien du chrysotile est donc mort, mais il continue à sévir : son site web est toujours en ligne (http://www.chrysotile.com/) et est référencé aujourd’hui comme le site de l’association internationale du chrysotile.

L’Institut canadien du chrysotile a aussi essaimé et par exemple ses homonymes brésilien et russe lui ont survécu.

Les « experts » douteux de l’Institut du chrysotile préféraient sans doute les dollars canadiens, ils émargent maintenant auprès de l’Institut
brésilien du chrysotile (Instituto Brasileiro do Crisotila) et aussi
de l’institut russe du chrysotile (http://chrysotile.ru/).

Ainsi les David Bernstein, Jacques Dunnigan qui ont gagné beaucoup d’argent avec l’Institut canadien de l’amiante se sont retrouvés à présenter leurs études et propagandes, en août 2012 devant le Tribunal Suprême Fédéral à Brasilia, officiellement invités et payés par l’Institut brésilien du chrysotile, fin novembre à Kiev en Ukraine à une conférence officiellement organisée par le ministère de la santé et l’académie de médecine russe - en fait par l’industrie de l’amiante russe.

Les « pseudo-experts » brésiliens Ericson Bagatin, Mario Terra Filho et Isshii Zamataro ont également émargé aux deux événements.

En juin 2012, deux mois avant les élections, le gouvernement québécois avait annoncé un « prêt » de 58 millions de dollars pour relancer la mine d’amiante Jeffrey. Ce projet fou avait deux piliers (Baljit Chadha, homme d’affaire canadien d’origine indienne et Bernard Coulombe, président de Mine Jeffrey) et l’appui indéfectible de Christian Paradis, ministre de l’industrie, natif de Thetford Mines. L’histoire retiendra que Pauline Marois a remporté l’élection à la tête du Parti Québécois et qu’elle a tenu la promesse d’annuler ce prêt.

 

Trois urgences 

Un grand pas a été franchi. Les gouvernements québécois et canadiens doivent maintenant compléter leur revirement au profit de la morale et de la santé publique et répondre à trois urgences :

- une loi interdisant l’extraction, l’utilisation et le commerce de l’amiante ;

- un programme social au bénéfice des mineurs d’Asbestos et Thetford et économique de diversification pour la région ;

- un système équitable d’indemnisation des victimes professionnelles et environnementales et un plan de décontamination des bâtiments.

 

Rotterdam 2013

Mais les gouvernements du Québec et du Canada ne peuvent pas oublier leur responsabilité vis-à-vis du monde en particulier des pays en développement. Ils doivent faire leur mea culpa, révéler l’étendue de la fraude sur l’amiante et adopter une position offensive de promotion de la santé publique.

Le premier pas doit être non seulement de cesser de s’opposer à l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux en sabotant la convention de Rotterdam mais d’imposer cette inscription lors de la prochaine convention en avril 2013.

L’étape suivante devra être la promotion de l’interdiction mondiale de l’amiante et la reconnaissance de la dette envers les pays que le Canada a empoisonné avec son amiante.

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DES VICTIMES D’UNE VINGTAINE DE PAYS S’ADRESSENT ENSEMBLE A MADAME MAROIS

 

A l’occasion des journées « Pour un monde sans amiante », des organisations ont écrit à Madame Marois.

 

LA LETTRE

« Nous tenons à vous féliciter de la position courageuse de votre gouvernement, qui a retiré tout soutien financier destiné à la réouverture de la Mine Jeffrey.

Vous rejoignez ainsi le mouvement des nombreuses nations à travers le monde qui luttent contre la terrible épidémie des maladies liées à l’amiante.

Nous vous demandons instamment de poursuivre rapidement dans cette voie, en adoptant une législation interdisant définitivement l’exploitation et l’utilisation de l’amiante au Québec. »

 

LES SIGNATAIRES 

Abeva (Belgique), Abrea (Brésil), Asian Ban (Asie), Anep (Albanie), Afeva (Italie), Andeva (France), Adao (USA), Asbestlachtoffers (Pays Bas), ART (Afrique du Sud), Acceh (Corée du Sud),
Avaq (Québec), Avida (Espagne), Banjan (Japon), commissions
ouvrières (Espagne), Fondation des victimes de l’amiante (Italie), comité des victimes de l’amiante (Allemagne), IBAS (secrétariat international), association internationale des inspecteurs du travail (IALI), OEHNI (Inde), Right on Canada, Fédération des associations de victimes (Espagne).

Pierre Pluta, le président de l’Andeva, a envoyé la lettre à Madame Maurois.

 

LA RÉPONSE 

Pauline Marois a répondu à Pierre Pluta : 

« je tiens à vous remercier pour votre lettre de félicitations que vous m’adressiez récemment concernant le retrait du financement de la relance de la Mine Jeffrey.

Soyez assurés que je prends en considération vos revendications sur l’exploitation et l’utilisation de l’amiante au Québec ».

Les signataires auraient aimé une prise de position plus nette en faveur de l’interdiction.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°41 (janvier 2013)