Au prochain gouvernement, comme à ceux qui l’ont précédé, l’Andeva présentera, en toute indépendance, les demandes des victimes de l’amiante.

L’immensité des dégâts humains causés par cette catastrophe sanitaire, les souffrances et les deuils vécus par les victimes et les familles signent leur légitimité et leur urgence.

Nos priorités, au lendemain de l’élection présidentielle, s’incarnent en un seul mot : la Justice.

Rendre justice aux victimes, c’est agir pour que les responsables soient jugés :

Que les magistrats du pôle de Santé publique aient les moyens d’instruire ; que la Chancellerie ne contrecarre pas l’instruction des dossiers sensibles ; que les juges qui les ont en charge n’en soient pas arbitrairement dessaisis ; que le législateur revoie les dispositions du Code pénal afin de mieux qualifier de tels désastres et d’infliger des sanctions appropriées à leurs auteurs. A Turin, la justice italienne a condamné deux hauts responsables d’Éternit. Ce qui est possible en Italie doit l’être en France. C’est une question de volonté politique.

Rendre justice aux victimes c’est leur garantir une indemnisation rapide et équitable.

Le Fiva avait été créé pour cela. Son fonctionnement s’est dégradé. Les délais de traitement des dossiers s’allongent, les dysfonctionnements se multiplient. Le nombre des victimes qui décèdent avant d’avoir reçu une offre augmente. Au lieu de redresser la barre, la direction du Fiva, s’acharne sur des victimes, trainées en justice et sommées par voie d’huissier de rembourser des sommes qu’elles n’ont plus. Il est temps de mettre fin à cette dérive. Plus de 400 députés et sénateurs ont pris position en ce sens. L’État qui est l’autorité de tutelle du Fonds en a le pouvoir.

Rendre justice aux victimes, c’est faire avancer les recherches sur les cancers de l’amiante. 

Chez nous, ce ne sont pas les chercheurs qui manquent, c’est l’argent et la volonté de faire d’une maladie rare comme le mésothéliome une priorité nationale. Il est humainement intolérable que, pour des raisons purement financières, des projets prometteurs conçus en France soient abandonnés ou émigrent aux États-Unis.

Rendre justice aux victimes, c’est éviter d’allonger la liste des malades et des morts :

Protéger celles et ceux qui travaillent pour gagner leur vie et non pour la perdre, préserver notre présent et le futur de nos enfants pour éviter de nouvelles tragédies. On a aujourd’hui une certitude que les fibres fines d’amiante sont cancérogènes et un fort soupçon que les fibres courtes le soient. Or ni les unes ni les autres ne sont prises en compte par l’actuelle réglementation. Les mesures d’empoussièrement au travail par microscopie optique sont obsolètes. Pour certaines situations de travail les niveaux d’empoussièrement mesurés en microscopie électronique sont très
au-dessus des valeurs limites actuelles, alors que celles-ci devraient être divisées par dix ! De nouveaux tests seront nécessaires pour vérifier l’efficacité des protections individuelles. On ne peut pas attendre encore trois ans pour s’y mettre.

Voilà quatre priorités pour les 100 premiers jours du septennat.

Les pouvoirs publics doivent agir. En se mobilisant comme elles savent le faire, les victimes de l’amiante et leur association, l’Andeva, sauront les rappeler au chef de l’État.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°39 (avril 2012)

Le 24 avril 2012
Pierre PLUTA
Alain BOBBIO