700 personnes à Dunkerque en décembre avec le soutien de syndicats, d’élus locaux et de plusieurs candidats à la présidence de la République ; des manifestants par centaines devant la cour d’appel de Douai lors des audiences de janvier et de mars.

Une mobilisation sans précédent

L’Ardeva 59-62, le Caper Thiant, l’Adeva 59 et les autres associations du Nord - Pas-de-Calais unissent leur force. Des conseils municipaux votent des motions de soutien. La presse et la télé régionale en parlent beaucoup. Les témoignages de solidarité affluent. Des associations de victimes venues parfois de très loin apportent leur soutien.

Plus de 400 députés et sénateurs

Fait sans précédent : plus de 400 députés et sénateurs de toutes tendances politiques signent une motion lancée par Christian Hutin, président du groupe amiante à l’Assemblée nationale.
Tous demandent que cessent ces poursuites judiciaires inhumaines « indignes de la République » et que les victimes condamnées fassent l’objet d’une remise gracieuse.

Un président qui botte en touche

« Le chef de l’État garant de l’indépendance de la justice ne saurait remettre en cause l’autorité de la chose jugée... » répond laconiquement un porte-parole de Nicolas Sarkozy. Un sommet de mauvaise foi !
C’est le Fiva qui est à l’origine de ces plaintes. C’est un établissement public, dont les représentants de plusieurs ministères assurent la tutelle.

Nous ne lâcherons pas !

« La prochaine audience aura lieu le 12 mai, annonce Pierre Pluta.
Nous demanderons aux parlementaire signataires de la motion d’y venir avec leur écharpe tricolore.

Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes, nous ne lâcherons pas. »

Pierre PLUTA : « Après avoir été empoisonnés serions-nous devenus des délinquants ? »

Devant la Cour d’appel de Douai, le 22 mars, Pierre Pluta a fait une intervention dont voici des extraits :

Nous sommes une nouvelle fois devant cette Cour d’appel de Douai pour soutenir les 14 victimes dont les dossiers seront plaidés aujourd’hui et qui sans aucun doute seront, à la demande du FIVA, à leur tour condamnées à rembourser une grande partie des indemnités que cette même Cour d’appel leur avait octroyées quelques années plus tôt.

Comment le FIVA, qui a été créé pour les indemniser d’une manière rapide, juste et intégrale peut-il se retourner contre les victimes et la justice lui donner raison ?

Même le président de la République affiche le mépris qu’il porte aux victimes et veuves de victimes de l’amiante, en les ignorant et en répondant par la négative à la motion signée par plus de 400 parlementaires, députés et sénateurs de toutes tendances politiques lui demandant d’intervenir pour que le FIVA infléchisse sa position, que les victimes déjà condamnées à rembourser puissent bénéficier d’une remise gracieuse et que le FIVA renonce à cette stratégie judiciaire.

En laissant condamner les plus faibles, les malades et les plus démunis qui n’ont demandé qu’à travailler pour gagner leur vie et non pour la perdre, notre République ne se grandit pas. L’acharnement et le harcèlement des victimes sont poussés à l’extrême. La présidente du FIVA s’autorise même à demander à nos avocats de la rencontrer « afin d’évoquer la situation financière personnelle de chaque personne… Si vos clients ne sont pas en mesure de procéder dans le délai au remboursement des sommes dues, il conviendra d’en saisir l’agent comptable du FIVA en lui adressant tous éléments lui permettant d’apprécier les difficultés rencontrées et d’apporter la réponse la plus adaptée à celles-ci »

Nous demandons à Xavier Bertrand de préciser les directives qu’il a données à la présidente du FIVA. Les comptes en ban-que des victimes doivent-ils être épluchés, leurs biens évalués et saisis ?

Je cite une autre lettre recommandée adressée par l’agent comptable du FIVA à une victime : « A défaut de réception d’un règlement de la somme de 28 628,52 euros au 15 mars 2012, je me verrai dans l’obligation d’engager par voie d’huissier de justice, après accord de la direction du FIVA, le recouvrement contentieux de cette somme à laquelle s’ajouteront des frais de poursuite. Toutefois, je vous informe qu’un échéancier de paiement peut vous être accordé si votre situation financière le justifie et sur production d’une copie de tous vos justificatifs de revenus et de charges, cette demande devra être accompagnée d’un premier paiement de 1000 euros » .

Quelle honte pour notre pays !

Après avoir été empoisonnés serions-nous devenus des délinquants, des profiteurs, des voleurs, des porteurs de valises remplies de billets ?

Si nous sommes d’accord pour que le FIVA récupère les sommes liées à la déduction de la rente Sécurité sociale, il est hors de question de rembourser les sommes liées à la proportionnalité de la rente que le Fiva n’a pas contestée en cassation.

L’Andeva et la Fnath rappellent au président de la République que le FIVA est un établissement public dont l’État assure la tutelle. Elles lui demandent d’user de son autorité sur les représentants de l’administration au C.A. du FIVA pour qu’ils invitent sa direction à modifier son comportement et sa stratégie à l’égard des victimes.

A ce propos, je lance un appel aux membres du C.A. du FIVA, afin que chacun prenne ses responsabilités et précise publiquement et sans ambigüité sa position sur le remboursement demandé aux victimes par le FIVA.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°39 (avril 2012)