Les résultats de la dernière campagne de mesures d’empoussièrement de l’INRS sur les chantiers de désamiantage sont extrêmement inquiétants

Sur tous les chantiers du BTP les opérateurs et les organismes de contrôle sont confrontés à un inquiétant paradoxe :

Depuis 2009 avec le rapport rendu en par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ex-Afsset) sur les fibres fines et les fibres courtes, personne ne peut plus ignorer que les fibres OMC, les seules mesurées jusqu’ici en milieu de professionnel, ne sont pas les seules fibres cancérogènes. Les fibres fines d’amiante (FFA) le sont aussi. Quant aux fibres courtes, si leur effet cancérogène n’est pas prouvé, il ne peut être écarté pour autant.

Depuis ce rapport de 2009 tout le monde s’accorde à dire que les mesures en microscopie optique à contraste de phase (MOCP), qui ne sont capables ni de distinguer les fibres d’amiante des autres particules, ni de voir les fibres fines, doivent être remplacées par des mesures en microscopie électronique à transmission analytique (META).

Depuis ce rapport de 2009 on sait que la valeur limite d’exposition actuelle de 100 fibres par litre
en milieu de travail est bien trop élevée et qu’elle doit être abaissée d’un facteur 10.

Depuis fin 2010 avec la dernière campagne de mesures en META faite par l’INRS, on a la certitude que les valeurs limites actuelles peuvent être très largement dépassées lors de certaines interventions sur des matériaux tels que le plâtre amianté (qu’il est difficile de mouiller à cœur). Elles peuvent mettre en suspension d’importantes quantités de fibres d’amiante.

Depuis fin 2010 et les résultats de cette campagne, personne ne peut plus garantir que tous les équipements de protection individuelle mis sur le marché protègent effectivement les voies respiratoires des opérateurs dans toutes les situations de travail.

Les anciens tests sont caducs. De nouveaux tests sont nécessaires.
Ces données sont publiques. Elles ne sont contestées par personne. On ne peut plus continuer, comme si de rien n’était.

Il y a urgence. La situation est suffisamment préoccupante, pour que l’on ne remette pas les
décisions aux calendes grecques.

La responsabilité pénale des décideurs, celle des professionnels du bâtiment et celle des organismes de contrôle peut être engagée.
Les opérateurs ont le droit d’exiger d’être réellement protégés et d’avoir une réponse précise à la question : qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ?

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°39 (mai 2012)