Trois hommes retirent des plaques de toiture amiantées. Aucun d’eux ne porte de protection respiratoire. L’un est perché en équilibre dans le godet d’une pelleteuse, l’autre est monté sur le toit par une échelle non arrimée, en appui sur la gouttière. Ces trois « désamianteurs du dimanche », dont la photo a été publiée par le journal l’Union ne sont pas des inconnus. Il s’agit de Benoît Huré, sénateur des Ardennes, de Miguel Leroy, son gendre, président de la Communauté des communes de la Région de Signy-Le-Petit et de Daniel Schanen, maire d’Auvillers-les-Forges. Trois hors-la-loi inconscients du danger.

 

La provocation délibérée d’un sénateur kamikaze

La commune d’Auvillers-les-Forges, avait acquis une ancienne boucherie pour en faire une boulangerie. Cette transformation nécessitait des travaux, et notamment le retrait de sa toiture en ardoises amiantées.

La mairie fit deux appels d’offre. Un plan de retrait fut transmis au préfet. L’inspection du travail le refusa en octobre 2011. En novembre nos trois élus locaux décidèrent de procéder eux-mêmes au retrait de la toiture.

Au mépris des règles de sécurité les plus élémentaires, ils démontèrent les ardoises amiantées de la toiture, sans autre équipement de protection qu’une paire de gants, puis allèrent se vanter de leur exploit auprès du journal local, expliquant qu’ils entendaient ainsi protester contre les « lourdeurs administratives », qui freinent l’action des entrepreneurs tenaillés par la crise...

 

Peut-on accepter que ceux qui votent les lois bafouent les lois ?

« Ils n’avaient aucune idée de la façon dont on fait un désamiantage ni des ravages que peut causer une exposition brève et intense à ces fibres cancérogènes !.. s’énerve Claude Huet président de l’ADDEVA. Se sont-ils seulement préoccupés de la gestion des déchets ?

Quel exemple pour ceux qui voient des élus agir de cette façon ! Nos associations interviennent dans les réunions de CHSCT pour expliquer la nocivité de l’amiante et les précautions à prendre. Et ce sénateur qui vote les lois les bafoue ! 

C’est un total manque de respect pour les centaines de victimes de l’amiante qu’il y a déjà dans la région. De plus il n’y avait aucune urgence, cela fait des années que les habitants de ce village achètent leur pain ailleurs ! »

 

Une plainte au pénal

L’Association des victimes de l’amiante ainsi que les syndicats CGT et Sud-Solidaires de l’inspection du travail s’apprêtent à déposer plainte au pénal à leur encontre notamment pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

Léa Veinberg


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva n°39 (Mai 2012)