Le point de vue du docteur Privet

 

« Au scanner, on m’a découvert un nodule pulmonaire. Est-ce un cancer ? »

Lorsqu’une personne exposée à l’amiante passe un scanner, il n’est pas rare que le compte-rendu d’examen signale la présence d’un nodule pulmonaire.

Cette mention suscite souvent des interrogations et des craintes chez les patients, qui redoutent d’être atteints d’un cancer.

Quelle est la marche à suivre pour savoir ce qu’il en est exactement ?

9 nodules sur 10 ne sont pas cancéreux

La très grande majorité des nodules sont bénins, c’est-à-dire non cancéreux.
Le poumon réagit à de multiples agressions, notamment infectieuses et la cicatrisation des lésions aigues peut se faire sous force d’une cicatrice, appelée « granulome ».

D’une façon générale seul un nodule sur 10 s’avère être malin,
c’est-à-dire cancéreux.

Comment savoir si un nodule est suspect ?

Le risque n’est pas le même pour tous les nodules. Il varie en fonction de leur aspect et surtout de leur taille et de leur évolution dans le temps.

L’aspect du nodule

Il fournit une première indication :

- Un nodule aux contours nets, lisses et réguliers a davantage de chance d’être bénin.

- Un nodule aux contours mal définis et irréguliers présente davantage de risque d’être cancéreux.

- Un nodule calcifié est bénin.

La taille du nodule :

Des études sur le dépistage des cancers du poumon impliquant un suivi dans le temps ont donné les résultats suivants :

- parmi les nodules détectés de moins 5 millimètres de diamètre, 0,1 à 1 % vont se révéler être cancéreux ;

- entre 5 et 10 millimètres de diamètre, le pourcentage est compris entre 1 et 30 % ;

- pour les nodules de plus de 10 mm de diamètre, le pourcentage est de 30 à 80 %.

La taille d’un nodule conditionne donc les modalités de suivi :

- Un nodule de diamètre compris entre 5 et 10 millimètres doit mettre en alerte avec un suivi approprié

- Un nodule de plus de 10 millimètres de diamètre doit engager une action rapide.

L’évolution dans le temps :

La taille d’un nodule bénin reste stable, celle d’un nodule cancéreux augmente.
Le temps que met un cancer du poumon pour doubler de volume est compris entre 30 et 400 jours.

Le doublement de volume se traduit par une augmentation du diamètre du nodule d’environ 25 %.

Quelle conduite tenir en présence d’un nodule pulmonaire ?

Il existe des variations entre professionnels sur la conduite à tenir et la mise en œuvre actuellement fréquente du PET-scan a bouleversé les anciens schémas.

On mentionnera donc ici une ligne de conduite possible sans la présenter comme une vérité absolue.

- Pour un nodule inférieur à 5 mm de diamètre, un scanner de contrôle à 1 an et à 2 ans, en cas de non modification.

(Si ce nodule grossit au cours de ces contrôles, une prise en charge plus active deviendrait nécessaire)

- Pour un nodule de diamètre compris entre 5 et 10 mm, un scanner de contrôle à 6 mois, à 1 an, puis à 2 ans, dans le cas où le nodule ne grossit pas.

- Pour un nodule de diamètre supérieur à 10 mm, soit scanner à 1 mois et à 3 mois, soit un PET-scan immédiatement.

Si ces éléments sont en faveur de sa nature maligne, une biopsie doit être rapidement pratiquée, soit dans le cadre d’une bronchoscopie (si la tumeur est accessible par cette voie), soit par voie transcutanée (si le nodule est périphérique).

Il convient de rappeler que selon la classification TNM (taille/existence ou non de ganglions/ métastases ou non) pour les cancers du poumon, une taille du cancer inférieure à 3 cm de diamètre le classe dans la catégorie T1 (plus bas degré en matière de taille).

Docteur Lucien Privet

UNE CURIOSITÉ FRÉQUENTE : L’HAMARTOCHONDROME

Il s’agit d’une malformation localisée bénigne du poumon se présentant sous une forme d’un nodule, composé de cartilage, de fibrose et de graisse.

Un nodule bénin sur 10 est un hamartochondrome.
Typiquement le nodule apparaît au scanner piqueté par des calcifications en « pop corn »