ROUSSILLON Pour les dix ans du CAPER

« Nous étions allés les soutenir à Turin et à Casale, dit Pierre Rinalduzzi. Cette fois nos amis italiens viennent chez nous pour les 10 ans du Caper. »

Bruno, Nicola et Maria-Teresa ont un programme chargé : assemblée générale, réception par le maire de Roussillon, manifestation européenne contre l’austérité, visite de la région et haltes gastronomiques...

DUNKERQUE

Contre le harcèlement judiciaire du Fiva

Après Roussillon, ils remontent vers le Nord : en voiture jusqu’à Lyon, en TGV jusqu’à Paris puis Dunkerque, où ils sont accueillis par Pierre, Laetitia et Bernadette Pluta.

Après un repas convivial et une nuit de sommeil méritée, ils entament la journée par une conférence de presse à 8 heures du matin.

A 9 heures, l’assemblée générale de l’Ardeva commence. 700 personnes. Une salle disciplinée et attentive. Des témoignages sur le harcèlement judiciaire du Fiva contre les victimes, alors que six directeurs d’Éternit sont blanchis avant d’avoir été jugés. Des élus apportent leur soutien. Christian Hutin présente la motion signée par des parlementaires de l’opposition et de la majorité.

Bruno et Nicola sont scandalisés. Quel contraste entre la France et l’Italie ! Ils portent un message d’espoir que la salle applaudit. Puis ils vont déposer une gerbe à la stèle en mémoire des victimes. Un musicien joue un chant de marin à la cornemuse, hommage aux disparus de l’amiante comme aux marins disparus en mer...

Au restaurant, Pierre leur remet un tableau de cuir, célébrant l’amitié entre l’Ardeva et l’Afeva.

La journée n’est pas finie. Après un débat avec les bénévoles au local de l’Ardeva, il est l’heure de reprendre la route pour Thiant, où plusieurs centaines de personnes les attendent.

THIANT

L’Internationale des victimes d’Éternit

Jean-Michel Després, le président du Caper présente les orateurs. Bruno et Nicola, parlent avec des mots simples qui vont droit au cœur : « S’il n’y a pas justice, il n’y a pas de dignité ». Alain Bobbio traduit. Les questions fusent de la salle.

A Thiant et à Casale, les ouvriers d’Éternit ont inhalé les mêmes poussières mortelles. Les familles ont vécu les mêmes drames.
On se comprend. Le courant passe...

Après la réunion, Bruno et Nicola sont reçus par le maire de Thiant. Le soir, malgré la fatigue, la discussion continue à table : « Au Caper, nous avons eu 34 morts l’an dernier dont 7 victimes environnementales, pour une ville de 2700 habitants », explique Martine du Caper. « C’est un chiffre énorme. Il y a ici une tragédie, comme à Casale, s’écrie Bruno. »

A Thiant comme à Casale, Éternit a distribué gratis des rebuts d’amiante à la population. « Ici, des familles habitent encore
des maisons truffées d’amiante »
, poursuit Martine.

Il est clair que l’omniprésence de l’amiante dans l’environnement de l’usine pose de graves problèmes de santé publique.

Le repas s’achève par l’invitation d’une délégation du Caper en Italie fin avril, pour étudier sur place la politique d’assainissement et d’éradication de l’amiante engagée à Casale. 

 

LOS ANGELES

Conférence des victimes de l’amiante américaines

Nicola Pondrano et Bruno Pesce ont participé à la huitième conférence de l’ADAO, l’association américaine des victimes de l’amiante. Ils ont reçu un prix pour l’infatigable lutte de Casale qui a conduit au procès de Turin. La réunion était présidée par Linda Reinstein, Fernanda Giannasi, la pasionaria brésilienne de l’amiante et par Barbara McQueen, veuve du célèbre acteur Steve Mac Queen, qui est mort d’un mésothéliome en 1980.

Lors de cette conférence a parlé du combat plusieurs thèmes ont été abordés :

- La lutte contre le mésothéliome (avec des médecins et des témoignages de patients ayant une survie de 5 ou 6 ans depuis le diagnostic,

- Les actions en justice (avec des associations de victimes et des avocats).

- La lutte pour l’interdiction de l’amiante dans les pays comme l’Inde, le Brésil, la Chine, le Canada et la Russie.

 

DE ROUSSILLON À LOS ANGELÈS

Au lendemain du verdict de Turin, Bruno Pesce de l’Afeva et Nicola Pondrano de la CGIL ont animé des assemblées générales en Italie avec les victimes et les familles de Casale Monferrato et d’ailleurs.
Puis ils sont allés à la rencontre des victimes de l’amiante françaises et américaines.

En France, ils ont d’abord participé à l’assemblée générale du Caper Nord-Isère à Roussillon, qui fêtait ses dix années d’existence, à celle de l’Ardeva à Dunkerque et à une réunion publique organisée par le Caper à Thiant.

Devant des salles passionnées, ils ont tiré les leçons de trente années de lutte pour la justice.

La presse régionale a salué l’événement, en notant le contraste entre l’efficacité de la justice italienne et le blocage de l’instruction pénale en France.

Quelques semaines plus tard, Bruno et Nicola s’envolaient pour les États Unis pour une conférence de l’ADAO, association américaine de victimes.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°39 (mai 2012)