Avec le même cynisme que jadis les industriels de l’amiante, ils s’opposent aujourd’hui
à l’abaissement de la valeur limite d’exposition à ces fibres cancérogènes.

Les Fibres céramiques réfractaires (FCR) sont utilisées pour l’isolation thermique de fours industriels, de hauts fourneaux, de tuyauteries, de câbles, de joints. On les retrouve dans l’automobile, l’aéronautique et la protection incendie.

Comme l’amiante, elles peuvent provoquer des plaques pleurales. L’expérimentation animale a mis en évidence une apparition de fibroses ainsi que de cancers du poumon et de la plèvre.

Les FCR sont classées cancérogènes de catégorie 2. Elles sont étiquetées Toxique avec les phrases de risques R49 (« peut causer le cancer par inhalation ») et R38 (« irritant pour la peau »).

Le décret 2001-97 (articles R231-56 du Code du Travail) est applicable aux fibres céramiques. La règle première dans ce domaine est la substitution, en remplaçant chaque fois que c’est techniquement possible, ce produit par un produit moins dangereux.

En France la valeur limite d’exposition était jusqu’à présent de 0,6 fibre/cm3 sur huit heures.

Un projet de décret prévoit d’abaisser cette valeur limite à 0,1 fibre par cm3 sur 8 heures. Il s’est heurté à un puissant tir de barrage du lobby de l’industrie des FCR. Avec trois arguments principaux :

1. Certes les FCR provoquent bien des plaques pleurales, mais ces plaques sont « inoffensives en soi (sic) ».

(Les plaques sont une maladie professionnelle reconnue et indemnisée pour l’amiante.)

2. Certes l’expérimentation animale a révélé un potentiel cancérogène et fibrosant des FCR, mais les études épidémiologiques ne sont pas encore vraiment concluantes.

(Faudra-t-il faire de l’expérimentation humaine sur des salariés pendant 20 ans pour être sûr ? )

3. De toutes façons la norme proposée n’est pas applicable. Elle conduirait à l’abandon des FCR en France.

(Un chantage à l’emploi déjà utilisé par les industriels de l’amiante pour s’opposer à l’abaissement des valeurs limites)

Il est révoltant, quand on connaît l’ampleur de la catastrophe amiante, de voir le même scénario se répéter.

L’Andeva considère que la valeur limite d’exposition professionnelle pour les fibres céramiques devrait être identique à celle de l’amiante : 0,1 fibre / cm3 sur une heure, afin de tenir compte des pics d’exposition.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°22 (avril 2007)