Le 23 avril dernier, la direction de Renault a présenté un plan de reprise de l’activité à l’usine de Sandouville, fermée depuis plus d’un mois à cause du coronavirus. Estimant que ce plan ne protégeait pas assez les salariés, le syndicat CGT a saisi le tribunal judiciaire du Hâvre qui lui a donné raison.

L’ordonnance de référé rendue le 7 mai 2020  relève de sérieuses carences dans l’évaluation des risques, l’information et la formation des salariés, le fonctionnement du comité social et économique (CSE) et la prévention des risques du personnel du personnel en sous-traitance. 

Le juge estime que « cette reprise ne permettait pas d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs de l’usine face au risque lié au Covid-19 ».

Il ordonne à Renault de « suspendre la reprise de la production que celle-ci soit à survenir ou déjà survenue, le temps de la régularisation de la procédure de consultation du CSE et de la remise en place effective des mesures de prévention visant à assurer la santé et la sécurité des travailleurs ».

Cette ordonnance - qui se situe dans la même logique que celles qui ont été rendues à La Poste, Amazon ou  Carrefour - a déchaîné une véritable tempête médiatique contre le syndicat CGT, promu au rang d’ennemi public numéro un. On a vu des ministres et même des syndicalistes se succéder dans les médias pour critiquer cette action judiciaire et dénoncer une « démarche procédurière » et un « refus du dialogue » de la CGT, pratiquement accusée de saboter le redémarrage d’une branche automobile menacée par des fermetures de sites et la suppression de milliers d’emploi.

En fait, au-delà de cette ordonnance, c’est une question de fond que pose cette pandémie au mouvement syndical : faut-il, sous la menace d’un chantage à l’emploi, accepter de voir sa vie et sa santé mises en  danger par une entreprise qui ne respecte pas ses obligations de sécurité ?

Covid-19
Non à la mise
en danger

En réaction, un appel a été lancé par un collectif de personnalités syndicales, politiques et intellectuelles.

http://chng.it/qLy42dHMQ9


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°63 (juin 2020)