Vincennes, le 22 octobre 2020
Communiqué de presse

AMIANTE

Deux responsables ardéchois de Basaltine jugés en correctionnelle

 

Lundi 26 octobre, deux anciens directeurs de la société BASALATINE à Aubignas dans l’Ardèche, seront jugés devant le tribunal correctionnel de Marseille. Cela fait suite à leur mise en examen en 2016 par un juge d’instruction du pôle de santé publique de Marseille. Associations et victimes espèrent que le tribunal rappellera aux employeurs qu’ils ne peuvent exposer sciemment leurs salariés à un risque de mort ou de maladie sans rendre des comptes devant un tribunal

Une action au pénal a été engagée par des salariés, par le CAPER 07 et l’Andeva. Ils seront défendus par l’avocate Julie ANDREU du cabinet TTLA et associés. Les faits se sont déroulés entre 2003 et 2005.  Le juge d’instruction vient de mettre en examen deux responsables pour avoir fait travailler 9 salariés dans des locaux amiantés, sans respect de l’hygiène et de la sécurité, commettant une « violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement ». Il a ainsi exposé ces ouvriers à un risque immédiat de mort ou d’atteinte à leur santé.

Dans ce chantier-catastrophe, l’espace de travail n’était pas confiné, les ouvriers n’étaient pas protégés, une majorité d’entre eux étaient des intérimaires. L’inspection du travail a stoppé le chantier et leur a demandé à de multiples reprises de mettre fin à cette situation de danger grave et imminent. La CRAM a également sanctionné l’employeur. Mais, malgré les engagements pris, il a continué à bafouer les règles de sécurité. 

Basaltine fabriquait des produits béton. L’usine avait des toits en amiante-ciment isolés par un flocage d’amiante qui s’est dégradé au fil du temps sous l’effet de la vapeur dégagée par les machines. Il tombait en lambeaux quand des électriciens passaient des câbles au niveau de la sous-toiture. Les fibres d’amiante voltigeaient dans les ateliers les jours de grand vent. L’employeur savait. Il n’a rien fait. L’inspection du travail et la caisse régionale d’assurance maladie lui ont demandé de retirer ce matériau dangereux, il a fait la sourde oreille, puis s’est résigné à confier des travaux de confinement à une société extérieure. 

L’ouverture de ce procès est une immense satisfaction pour le CAPER 07 qui compte dans ses rangs plusieurs victimes de l’amiante issus de cette usine dont trois sont aujourd’hui décédées (l’effectif de l’usine se situait entre 100 et 200 personnes !). C’est tout le contraire pour les dirigeants de Basaltine. Après avoir bafoué la loi aux dépens de la vie et de la santé de leurs salariés, le moment est enfin venu de rendre des comptes.

L’audience démarre à 8h30 lundi 26 octobre, devant la 6ème chambre correctionnelle