"Ces pénuries sont à l’origine d’un « préjudice sanitaire très important pour les patients comme pour la collectivité ».

« L’indisponibilité récurrente de certains médicaments conduit à des pertes de chance inacceptables pour les patients...»

(rapport de la mission du Sénat de 2018)

Le risque d’une perte de chance

L’Institut national du cancer (INCa) avait alerté sur les pertes de chances liées aux pénuries de médicaments contre le cancer.

Elles peuvent être dues à des retards dans l’administration des médicaments, à la moindre efficacité des traitements de substitution ou au recours à une chirurgie handicapante en l’absence d’alternative thérapeutique disponible.

Pourquoi ces pénuries ?

Pour les industriels de la pharmacie, un médicament est d’abord une marchandises dont la production et la vente obéissent à la logique du profit. Ils peuvent négliger des marchés qui rapportent peu, même s’il s’agit de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur. Ils travaillent à flux tendu comme les industriels de l’électroménager.

De plus, pour réduire les coûts, ils ont délocalisé. La production des principes actifs de 80% des médicaments passés dans le domaine public est réalisée en Inde et en Chine.

On a vu les conséquences de ce choix quand la crise de la Covid 19 a touché ces deux pays.

Quelles mesures prendre  ?

Une tribune signée par Jean-Pierre Vernant et une vingtaine de médecins hospitaliers demande que :

- « soit imposée aux laboratoires pharmaceutiques la constitution et la gestion de stocks de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur sous forme de produits finis. » 

- « soit rapatriée en Europe la production de principes actifs »,

- « soit créé un établissement pharmaceutique à but non lucratif, si possible européen, sinon français. »

La Ligue contre le cancer demande des mesures réglementaires assorties de sanctions en cas de non application.

Un recul peu glorieux

En décembre 2019, suite aux demandes de diverses associations, les parlementaires ont voté une loi imposant à l’industrie pharmaceutique de constituer des stocks de quatre mois minimum de MITM. Mais, pendant l’été, cédant aux pressions des industriels,  le gouvernement a réduit ce délai à deux mois. 

Une fois de plus le profit est passé avant la santé.

 


La crise de la Covid 19 et les patients atteints d’un cancer

La pandémie de la Covid 19 a provoqué un engorgement des services de réanimation des hôpitaux dans une situation déjà marquée par une pénurie de moyens matériels et humains. Avec le risque de reléguer les autres maladies au second plan. Pour les patients atteints d’un cancer, cela peut signifier :

- des mois de retarddans le dépistage et le diagnostic, avec un pronostic plus défavorable ;

- des changements de traitements et des interruptions de la participation à des des essais cliniques, dus à des ruptures de stocks pour certains médicaments ;

- des interventions chirurgicales retardées, la réanimation étant mobilisée par le Covid ;

Tout cela peut avoir d’importantes répercussion sur la qualité et la durée de la vie des patients.

Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, redoute qu’il y ait « des vies perdues parce que, obnubilé par le Covid, on aura baissé la garde contre un adversaire autrement plus ancien et autrement plus redoutable : le cancer. »


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°64 (novembre 2020)