Sur un chantier-test, une étude de l’INRS mesure plus de 25 000 fibres d’amiante par litre d’air dans 50% des cas.

« Un danger grave et imminent pour tous ceux qui pensent être protégés par leur masque »

Un rapport classé « confidentiel » de l’Institut national de recherche et de Sécurité (INRS) révèle d’énormes concentrations de fibres d’amiante lors du retrait de certains plâtres amiantés. Ce rapport a été transmis au ministère du Travail qui n’a pas réagi. L’Andeva demande des mesures d’urgence.

Des mesures en microscopie électronique (META) ont été réalisées lors du retrait au burin d’un enduit de plâtre amianté de type « progypsol ».

La concentration en fibres d’amiante a été mesurée dans la zone de travail et à l’intérieur du masque des opérateurs, à tous les stades (burinage, arrosage, récupération des déchets, nettoyage).

Empoussièrement massif

Le burinage s’est fait avec projection continue d’eau sur le matériau ; aucun dysfonctionnement dans la mise en dépression de la zone de travail n’a été constaté. Or le rapport de l’INRS indique que - malgré les précautions prises - ces opérations ont généré dans la zone de travail « des empoussièrements supérieurs à la valeur réglementaire de 25 000 fibres par litre dans 50% des cas » !

Protections inefficaces

Les opérateurs portaient une combinaison à adduction d’air comprimé respirable dont l’ajustement avait été vérifié. Et pourtant les mesures d’empoussièrement réalisées à l’intérieur du masque respiratoire ont révélé « des valeurs élevées, pour certaines supérieures à 100 fibres par litre. »

Une situation de danger grave et imminent pour des opérateurs qui penseraient à tort être protégés.

En 2011, l’INRS avait déjà alerté sur les problèmes posés par le « progypsol ». Son dernier rapport confirme le danger par des mesures en META dans et hors les protections respiratoires

L’Andeva s’étonne que ces résultats soient classés « confidentiels » et demande qu’ils soient rendus publics.

Il y a urgence !

On ne saurait accepter que des salariés soient exposés à des empoussièrements dépassant la valeur limite d’exposition professionnelle.

Il est urgent d’étudier pour ce type de matériau des modes opératoires réduisant l’empoussièrement et éloignant l’opérateur de la source d’émission des fibres d’amiante.

Dans l’attente de la validation de ces techniques, les interventions sur les plâtres amiantés de ce type doivent être repensées en application du principe de précaution maximum : par l’utilisation de combinaison à adduction d’air et à pression positive pour les opérations de retrait, par l’encapsulage notamment pour de petites surfaces inaccessibles, voire par le choix de différer temporairement certains travaux si toutes les conditions de sécurité ne sont pas réunies.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N°49 (septembre 2015)