Au Brésil (troisième producteur et troisième exportateur mondial d’amiante), Eternit Brasil règne sur la production et le commerce de l’amiante-ciment, depuis que Brasilit (Saint-Gobain) a abandonné cette activité. Les procédures opposées auprès du Suprême Tribunal Fédéral (STF) pour faire déclarer inconstitutionnel soit l’usage de l’amiante, soit les lois régionales d’interdiction de l’amiante sont toujours enlisées. Mais la question des dangers de l’amiante y est prise de plus en plus au sérieux par la justice.

Indemnisations exemplaires

D’importantes indemnisations ont été récemment accordées par des tribunaux pour le préjudice moral de victimes de l’amiante dans l’état de São Paulo :

- à São Paulo, 300 000 reais (= 80 000 euros) à un employé d’Eternit atteint d’asbestose grave ;

- à Capivari, la même somme à un employé de Brasilit atteint d’un cancer du poumon ;

- à São Paulo, 100 000 reais (= 27 000 euros) à un employé de Brasilit atteint de plaques pleurales.

Les juges n’acceptent plus les arguments nauséabonds remettant en cause la réalité des maladies ou invoquant la prescription.

Ils ont déclaré nul l’accord « à l’amiable » léonin que Brasilit a fait signer à ses employés donnant droit au paiement des soins et à 5000 réais (environ 1300 euros) pour la victime d’un cancer ! (Eternit promeut des « accords » similaires).

Ces jugements créent une pression sans précédent sur les marchands d’amiante et sur le futur de l’amiante au Brésil.

Entreprises condamnées

Plusieurs entreprises ont été condamnées pour non respect de la législation hygiène et sécurité.

- À Joaçaba, dans l’état de Santa Catarina (qui n’a pas encore interdit l’amiante), l’entreprise de matériaux de construction Dal Mas & Amaral Ltda a été condamnée pour non respect des règles d’hygiène et sécurité, notamment le suivi médical des employés ;

- dans l’état de São Paulo (où l’amiante est interdit) l’entreprise de transport Rápido 900 a été condamnée à une amende d’un million de reais (270 000 euros) et interdite de transport d’amiante ou de matériaux en contenant.

l’institut brésilien du chrysotile

Eternit finance depuis des années le « Instituto Brasileiro do Crisotila » (IBC) créé sur le modèle et avec l’aide de l’« Institut du chrysotile  » canadien.

Ce dernier a fermé ses portes en 2012, mais l’institut brésilien continue sa propagande et sa corruption.

Des escrocs attitrés de l’institut canadien ont été invités à témoigner devant leSuprême Tribunal Fédéral en août 2012, notamment David Bernstein, JacquesDunnigan et Thomas Hesterberg.

Autre invité spécial, le docteur Evgeniy Kovalevskiy, grand défenseur de l’amiante russe, à la Convention de Rotterdam, en mai 2015, à Genève.

Combien de temps encore ?

La question qui resteen suspens est la suivante  : combien de tempsEternit Brasil va-t-il réussir à gagner pour continuer à vendre de l’amiante et tuer des milliers de brésiliens  ?


L’AMIANTE INTERDIT DANS UN SEPTIÈME ÉTAT DU BRÉSIL

Récemment l’état d’Amazonas a interdit l’amiante, comme l’avaient déjà fait 6 autres états (São Paulo, Mato Grosso, Rio Grande do Sul, Rio de Janeiro, Pernambuco et Minas Gerais).

À noter que l’interdiction votée par le Mato Grosso do Sul a été révoquée, en 2003, par le Suprême Tribunal Fédéral (STF) et qu’une loi d’interdiction de l’amiante a été approuvée par plusieurs instances dans l’état de Santa Catarina mais pas encore par le gouverneur.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva N°49 (septembre 2015)