Cinq ans ont passé depuis l’audition publique de la Haute autorité de santé (HAS) sur le suivi post-professionnel (SPP). Le scanner est aujourd’hui l’examen de référence. Il est gratuit. Mais combien de retraités le savent ? Combien de recommandations de la HAS sont à ce jour restées lettre morte ? Que faudrait-il changer pour améliorer ce suivi ?

Comment débloquer la situation ?

En avril 2010, la commission d’audition de la Haute Autorité de Santé (HAS), à laquelle participaient des représentants de l’Andeva, a fait des propositions et notamment :

- une visite médicale de départ par le médecin du travail  avec réalisation d’un relevé d’expositions sur la carrière et une information sur le droit à un suivi médical gratuit pour les retraités et chômeurs ayant été exposés,

- une info de l’assurance maladie dans les médias sur l’intérêt de ce suivi,

- l’envoi par la CPAM d’un questionnaire à tous les néo-retraités sur leurs expositions à l’amiante et la proposition d’un suivi aux personnes exposées,

- des structures régionales pour coordonner ce suivi avec participation des associations de victimes.

Pendant 5 ans, rien de cela n’a été fait. Début 2015, des bénéficiaires de l’Acaata ont été sollicités par des caisses régionales (page suivante).

La finalité et le protocole du suivi médical sont à repenser

Une étude américaine sur les cancers bronchopulmonaires dans une population de gros fumeurs suivis par scanners montre une réduction de la mortalité chez les personnes suivies.

Une étude française révèle un sur-risque de cancer chez les porteurs de plaques pleurales.

Il y a une nouvelle génération de scanners moins irradiants et plus rapides.

Ces éléments devraient relancer la discussion sur le bénéfice médical du suivi, sa périodicité et ses modalités.

L’arrêté du 6 décembre 2011 prévoit « une consultation médicale et un examen tomodensitométrique (TDM) thoracique » tous les 5 ans pour les expositions fortes et tous les 10 ans pour les expositions intermédiaires. Dans l’intervalle, le consultant n’a plus aucun contact avec un médecin pour ce suivi.

La HAS préconisait que les recommandations de 2010 soient réévaluées « dans un délai maximal de 5  ans pour tenir compte de l’évolution des connaissances et de l’expérience acquise par leur mise en oeuvre».

Le moment est donc venu d’engager une réflexion notamment sur :

- le bénéfice médical du repérage des cancers bronchopulmonaires,

- une périodicité plus rapprochée des examens pour les expositions fortes,

- des examens cliniques pris en charge entre deux scanners,

- un suivi médical particulier pour les porteurs de plaques pleurales,

- une réévaluation de la place des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) dans le suivi (elles sont un outil de dépistage médiocre, mais un bon outil pour le suivi de la fonction respiratoire).

Enfin la HAS avait annoncé que des recommandations seraient élaborées en 2011 pour les pathologies extrapulmonaires liées à l’amiante. On les attend toujours.

 


La réglementation sur le suivi post-professionnel

Les bénéficiaires : les retraités, chômeurs ou inactifs qui ont été exposés à l’amiante et/ou à certains autres cancérogènes dans leur activité professionnelles ont droit sous certaines conditions à un suivi médical gratuit.

L’attestation d’exposition : cosignée par le médecin du travail et l’employeur, elle doit être remise au salarié à son départ de l’établissement.

Les démarches : l’assuré envoie une demande à la caisse primaire en y joignant l’attestation. Si cette attestation fait défaut, la caisse primaire doit diligenter une enquête pour vérifier l’exposition.

Les examens :  un examen clinique et un examen TDM (=un scanner)

Leur périodicité : tous les 5 ans pour les exposition fortes, tous les
10 ans pour les expositions intermédiaires. Pas de suivi pour les expositions faibles (arrêté du 6 décembre 2011).


Article paru dans la Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)