Dans plusieurs régions, les bénéficiaires de l’allocation « amiante » ont reçu une lettre de la Carsat : « Vous êtes bénéficiaire ou avez été bénéficiaire d’une allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante. A ce titre, vous pouvez demander à bénéficier d’une surveillance médicale post-professionnelle intégralement prise en charge par votre caisse d’assurance maladie, sans avance de frais et sans remise en cause de votre allocation amiante. »

Dans une lettre à Pierre Pluta, la Carsat de Picardie précise qu’il s’agit d’un programme national qui se fera « par vagues successives » et « tout au long de l’année 2015 »

Avant ce courrier, les retraités et les bénéficiaires de l’Acaata n’avaient - sauf exception - jamais reçu aucune information de l’Assurance maladie sur leur droit à un suivi médical gratuit. Dans son principe, cette information est donc bienvenue.

Pourtant l’envoi aux « pré-retraités amiante » d’un questionnaire sur leurs expositions à l’amiante a suscité des incompréhensions et des méfiances : « Si tous les salariés de mon établissement ont droit à une cessation anticipée d’activité « amiante », c’est bien parce qu’ils ont été exposés. A quoi bon toutes ces questions ? »

En fait, un questionnaire peut être très utile si la caisse s’adresse à des néo-retraités qui n’ont pas tous été exposés. S’agissant d’allocataires amiante, son uttilité se discute. Plusieurs associations à qui a des adhérents ont demandé conseil les ont aidés à remplir ce questionnaire et à expliquer  pourquoi leurs expositions à l’amiante avaient été fortes.

Pour un programme national de ce type avec plusieurs dizaines de milliers d’envois, l’Andeva aurait dû être consultée ; ses associations locales devraient être associées à l’organisation régionale de ce suivi.

Il nous semble  important que les Carsat délivrent d’emblée une information plus claire et plus complète sur l’intérêt de ce suivi médical et ses modalités pratiques (examen clinique, scanner) et que soit inclus dans la lettre un numéro vert que les personnes qui se posent des questions puissent appeler. Il faudrait aussi s’assurer que toutes les caisses primaires disposent d’un outil informatique permettant de reconvoquer périodiquement les personnes concernées par ces examens, ce qui n’est pas le cas partout.

Ce qui avait été fait en Seine-Saint-Denis

«  En 2007, explique Alain Bobbio, la Caisse primaire du 93 avait envoyé un courrier aux bénéficiaires de l’Acaata suite à une demande de l’Addeva.

La Caisse régionale a fourni une liste de tous les allocataires depuis l’origine. La caisse primaire a fait un tri : les doublons, les personnes ayant déménagé ou les malades déjà suivis ont été écartés.

441 « pré-retraités amiante » ou « ex-préretraités » sur 663 ont été retenus. La CPAM leur a envoyé une lettre expliquant l’utilité d’un suivi médical et  leur proposant de passer un scanner.

Dans cette lettre figurait un numéro de téléphone pour ceux qui auraient des questions à poser. Il y eut beaucoup d’appels avec assez peu de stress chez les appelants, qui étaient plutôt satisfaits de l’initiative et posaient surtout des questions sur la finalité du suivi et leurs droits. La CPAM n’a pas voulu déléguer cet accueil téléphonique : il a été assuré par une responsable expérimentée et motivée.

Suite à cette initiative, le nombre total de demandeurs d’un suivi post-professionnel en Seine-Saint-Denis, a quadruplé, passant de 50 en 2007 à 217 en 2008.

La CPAM s’est dotée d’une base de données qui permet une reconvocation à chaque échéance. Cet outil a été mis à disposition des autres caisses primaires d’Ile-de-France.

Cela dit, le suivi médical doit s’inscrire dans la durée. Il ne se limite pas à une action ponctuelle. Après ce premier travail, l’information aux nouveaux bénéficiaires de l’Acaata doit se poursuivre, année après année. »


DUNKERQUE

« 75%  des dockers retraités examinés avaient une maladie liée à l’amiante »

« A la fin des années 90, se souvient Evelyne Lelieur, pneumologue, un suivi médical a été proposé aux dockers retraités de Dunkerque, en lien avec la médecine du travail.

Beaucoup de ceux qui ont accepté étaient dans la tranche d’âge des 75-80 ans. Les volontaires passaient un interrogatoire santé et un interrogatoire professionnel dressant la liste des postes de travail occupés. Ils passaient des explorations fonctionnelles respiratoires, des radios et des scanners.

Deux ans plus tard, nous avons fait un bilan : 75% des examens ont révélé une pathologie liée à l’amiante (essentiellement des plaques pleurales et quelques cas d’asbestose). Nous ne nous attendions pas à un nombre aussi important.

Cette expérience ne s’est malheureusement pas prolongée, le Nord n’ayant pas été retenu comme « région pilote » pour le suivi post-professionnel.


VICTIMES ENVIRONNEMENTALES

Il n’existe aucun cadre réglementaire

Si le suivi des actifs, pré-retraités et retraités ayant eu une exposition professionnelle est prévu par la réglementation, ce n’est pas le cas pour les victimes environnementales.

Une action de santé publique est en cours avec l’envoi de 13 000 lettres à des anciens élèves de trois écoles proches de l’usine d’amiante CMMP d’Aulnay-sous-Bois (Bulletin de l’Andeva N° 47, pages 12 à 15).

Ce type d’action devrait être étendu à d’autres sites tels que  Condé-sur-Noireau et à des zones où affleurent des roches amiantifères comme la Corse ou la Nouvelle-Calédonie.


Article paru dans la Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)