Refuser des dérogations inacceptables

Des industriels du chlore demandent une prolongation de la dérogation « amiante» qui leur avait été accordée... en 1999 !

L’industrie du chlore avait déjà bénéficié pendant 15 ans d’une dérogation autorisant l’utilisation de diaphragmes en amiante pour les cellules d’électrolyse. Alors que des techniques alternatives existent,  ils osent réclamer une prolongation de 10 ans de cette dérogation obtenue en 1999 !  L’Andeva dénonce  une mesure nuisible pour la santé qui discréditerait la demande européenne d’une interdiction mondiale de l’amiante.

« Nous sommes en total désaccord avec la proposition d’accorder encore une autre dérogation  d’utilisation de l’amiante à deux sociétés (AAK en Suède et Dow Chemicals en Allemagne), écrit Pierre Pluta, président de l’Andeva, à la Commission en réponse à la consultation publique.

« Des produits fiables de substitution pour l’amiante dans les membranes d’électrolyse sont disponibles depuis plus d’une vingtaine d’années. »

« Affirmer que cette utilisation spécifique de l’amiante n’est pas dangereuse est un mensonge », car  elle  présente des risques pour les travailleurs concernés mais aussi pour les mineurs qui extraient l’amiante en Russie, au Brésil ou au Kazakhstan, pour les chauffeurs qui le transportent et pour la population résidant le long du parcours de ce commerce mortel.

Affirmer que cette technologie sans amiante coûterait trop cher n’est pas plus sérieux. «  La technologie sans amiante n’est pas vraiment plus coûteuse, seul l’’investissement initial dans une nouvelle technologie a un impact financier. Toutes les usines en France utilisent les technologies sans amiante, y compris Solvay, qui a demandé et obtenu, jusqu’à très récemment, des dérogations en Allemagne. » Dow Chemical elle-même « utilise la technologie sans amiante  aux États-Unis, ce qui indique un certain niveau de duplicité... »

L’Union européenne se ridiculise en acceptant de tels arguments. »

« Dow est le propriétaire de l’ancienne Union Carbide, un ex-géant de l’amiante aux Etats-Unis, qui a extrait, traité et fabriqué l’amiante pendant des décennies. » 

Elle « est poursuivie pour des milliards de dommages dus à l’amiante aux Etats-Unis. ». 

Si la dérogation était prolongée en Europe, elle en tirerait argument devant les tribunaux américains : « Puisque L’Union Européenne n’a pas entièrement interdit l’amiante, pourquoi devrions-nous cesser de l’utiliser ? ».

Trois pays ont continué à accorder ces dérogations (Allemagne, Suède et Pologne) pour la fabrication de diaphragmes d’électrolyse du chlore.

La machine bureaucratique de L’Union Européenne est tentée de laisser faire.

L’Andeva est intervenue contre auprès de l’Agence  des produits chimiques (ECHA) en réponse à une consultation publique.


Les réponses de l’Andeva à la consultation publique

Proposition N°1 : « Prolonger la dérogation sur l’importation d’amiante chrysotile pour les diaphragmes jusqu’en 2017 et autoriser la mise sur le marché des diaphragmes contenant de l’amiante jusqu’en 2025. »

NON !  Dow pourrait cesser ses importations d’amiante en 2015, puisqu’elle utilise des diaphragmes sans amiante dans ses usines américaines.

Proposition N° 2 : « Si  une entreprise estime qu’elle a besoin d’une extension de la dérogation parce que ses installations ne sont pas périmées et des substituts économiquement viables ne sont pas disponibles, elle devra fournir un rapport au plus tard le 31 décembre 2020, rapport incluant une évaluation des risques et de l’impact socio-économique

NON ! Proposition ridicule, offensante pour les milliers de victimes de l’amiante en Europe. Les substituts existent depuis plus de 20 ans. Demander une évaluation des risques en 2015, 16 ans après l’interdiction de l’amiante par la CE, n’est pas sérieux.

 


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)