Romana Blasotti Pavesi a fêté ses 86 ans le 3 mars dernier. Elle a perdu cinq membres de sa famille, tous emportés par un mésothéliome : Mario, son mari, puis Libera, sa soeur, puis Anna, sa cousine, puis Giorgio, le fils de Libera, et enfin Maria Rosa, sa fille. Présidente de l’Afeva, elle a été durant trois décennies le symbole de la lutte contre Eternit menée par les ouvriers et la population de Casale Monferrato, ville martyre de l’amiante. Eprouvée par le non-lieu rendu en novembre dernier par la Cour de cassation, elle a souhaité quitter la présidence de l’AFeVA, tout en continuant à participer à ses actions. Son anniversaire a donné lieu à un formidable déferlement de messages de sympathie et d’admiration arrivés de toute l’Italie et du monde entier.

Tous ceux qui ont vu le film « Poussière mortelle, le grand procès de l’amiante » ont été marqués par la force extraordinaire du témoignage poignant de Romana devant les juges de Turin.

Elle a très durement vécu l’arrêt de la cour de cassation qui reconnaît les fautes pénales du PDG d’Eternit mais les déclare prescrites.

Le lendemain, lors d’une conférence de presse, elle a dit son amertume et sa colère : « Il n’est pas possible que des personnes qui font mourir d’autres personnes pour gagner de l’argent ne soient pas punies. Ce verdict est une injure à nos souffrance et une honte pour l’Italie ».

« Schmidheiny échappe cette fois-ci à la justice...
Je peux me regarder dans la glace et vivre en paix avec moi-même. Pas lui. Nous ne lui laisserons pas de répit. »

Le 12 février, à l’assemblée générale de l’AFeVA, elle a  dit qu’elle souhaitait quitter la présidence : « Si j’ai pris cette décision, c’est que j’ai mesuré mes forces et que j’ai compris que je ne pouvais plus continuer à avancer. J’ai donné beaucoup. Merci aux habitants de Casale Monferrato, merci à tous ceux qui m’ont suivie. Ce sont eux, et c’est vous qui m’avez donné la force de le faire. Je n’ai pas avancé seule. C’est tous ensemble que nous avons avancé.»

Au premier rang, face à elle, une banderole portait  ces simples mots : « Merci Romana, il n’y en a pas deux comme toi ! »

Plusieurs fois grand-mère et même arrière-grand-mère, Romana adore les enfants. Elle a vu avec émotion les écoliers de Casale assister aux audiences. « J’ai une grande confiance en eux. Je sais qu’ils reprendront le flambeau  et qu’ils réussiront à obtenir justice. »

Son anniversaire a été un moment d’émotion et de tendresse. Avec les fleurs qui remplissaient la maison, l’évocation des souvenirs desa jeunesse, les photos, le téléphone qui sonnait sans arrêt et les messages qui arrivaient du monde entier.

Merci et Bravo, Romana !

L’histoire de Romana, de ses deuils et de ses combats est relatée dans le très beau livre Eternit, la fibre tueuse de Giampiero Rossi.», aux éditions de la Découverte.
(en librairie ou auprès des associations de l’Andeva).

 


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°48 (avril 2015)