« Aujourd’hui, nous manifestons pour que tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la plus grande catastrophe sanitaire que la France ait connue rendent des comptes à la justice » : les industriels de l’amiante qui se sont organisés en lobby avec le CPA pour freiner l’interdiction, les employeurs qui ont bafoué la loi, les pouvoirs publics qui ont laissé faire...« La mise en examen des responsables de Valéo à Condé sur Noireau n’est que le début d’une longue série » et la condamnation d’Alstom pour mise en danger de la vie d’autrui nous donne « une arme supplémentaire pour obliger les entreprises ou les administrations à respecter la réglementation ».

« Les enquêtes du ministère du Travail montrent que le décret sur les cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction n’est pas appliqué ».
Les inspecteurs du travail « ont constaté des manquements graves à la sécurité sur 67 % des chantiers de désamiantage ».

Évoquant le cas d’une école maternelle en Corse «  où l’empoussièrement à l’amiante dépasse de très loin les seuils acceptables » il interpelle les pouvoirs publics : « il n’est pas pensable que les autorités sanitaires laissent des enfants exposés à un tel risque sans réagir. »

Puis il évoque l’autre raison de cette manifestation : « A entendre certains discours, il paraît que les victimes de l’amiante coûtent trop cher à la collectivité ! Ce refrain trouve un écho auprès des pouvoirs publics.

Vous êtes nombreux pour leur dire haut et fort qu’être indemnisé de ses souffrances ou de la mort d’un proche, ce n’est pas un cadeau, c’est un droit, et que partir en retraite plus tôt parce qu’on a une espérance de vie diminuée, ce n’est pas un privilège, c’est la justice ! »
La cessation anticipée d’activité ne doit pas être remise en cause, elle doit être améliorée car elle exclut aujourd’hui « le secteur du bâtiment, où l’on déplore pourtant le plus grand nombre de victimes de l’amiante. »


« Voilà les messages que nous avons fait passer aux pouvoirs publics. Hier nous étions reçus par le ministère du Travail et mardi, nous le serons par la Chancellerie. »

« En ce dixième anniversaire de l’Andeva, chacun peut mesurer le chemin parcouru et saluer les avancées que nous avons conquises à force de mobilisation, d’intelligence et de solidarité. Aujourd’hui, l’Andeva c’est 17000 adhérents, 45 associations régionales et sans doute l’une des plus belles réussites militantes de ces dernières décennies. Dans une société de plus en plus dure, de plus en plus sourde aux malheurs des plus démunis, ce n’est pas trop mal.. N’oublions pas que cette réussite, nous la devons d’abord à ceux qui nous ont quittés, qui ont souffert et dont nous portons fièrement, à travers notre action militante, le souvenir.

C’est pour eux que nous nous battons. Car derrière les chiffres, 3000 morts par an, 100 000 morts à venir, il y a des vies brisées, des familles et de la souffrance. On ne peut les citer tous, mais chacun d’entre nous a en tête un nom, un visage, un regard… »
Après avoir rendu symboliquement hommage à dix disparus, François conclut : « Sachez qu’au nom de ces dix familles, nous mettrons tout en oeuvre pour que demain, une telle catastrophe ne puisse pas se reproduire avec d’autres matériaux dangereux, pour que demain on ne perde plus sa vie à la gagner. »



Article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°21 (novembre 2006)