Laurie Kazan-Allen propose une synthèse de la conférence d’Ottawa sur le site de Ban Asbestos. Collaboratrice d’un numéro spécial du Journal international de la santé professionnelle et environnementale, et une des organisatrices de la conférence d’Ottawa, Laurie Kazan-Allen décrit la " guerre de l’amiante " au Canada. Ou comment ce pays a développé une stratégie offensive pro-amiante.

" Depuis la fin du 19ème siècle, l’exploitation lucrative du chrysotile canadien (amiante blanc) a fait de ce minerai une ressource naturelle très valorisée, lui valant le surnom d’ " or blanc ".

Tranformer « l’or blanc » en monnaie

Les intérêts du Québec concernant l’amiante ont pu se développer avec l’appui des gouvernements - à Ottawa et à Québec - et de quelques syndicats.

Dans la précipitation à transformer l’ " or blanc " en monnaie, la santé des ouvriers de l’amiante et la pollution de l’environnement canadien ont été ignorées.

La promotion de l’amiante chrysotile

Face à l’opposition internationale à la poursuite de l’usage du chrysotile, l’industrie a développé des stratégies visant à neutraliser cette publicité négative concernant l’amiante. En particulier : la suppression pure et simple des données de la recherche financée par l’industrie, la publication sélective de résultats de recherches et l’utilisation systématique de la connaissance scientifique pour créer l’incertitude autour de la toxicité du chrysotile.

Des « experts » au service d’une mauvaise cause

L’industrie a réussi parce que de trop nombreux scientifiques et journalistes avaient avantage à s’allier avec l’industrie et à employer leur statut professionnel en tant qu’experts scientifiques pour soutenir les politiques des industriels de l’amiante.

Les diplomates et le personnel d’ambassade du Canada ont agi comme des agents non rémunérés de l’industrie, auprès des gouvernements étrangers. Des rapports confidentiels sur les développements du marché de l’amiante ont été envoyés "au siège social" au Québec.

Les producteurs d’amiante dans le monde entier ont tiré profit de la campagne réussie de propagande lancée et dirigée par le Canada.

L’irritation des promoteurs de l’amiante

Les promoteurs canadiens de l’amiante, habitués à dominer l’arène publique sur le sujet se sont montrés très irrités de l’organisation d’une conférence sur l’amiante par une coalition de groupes canadiens et internationaux visant à mettre en évidence les répercussions sur la santé de la stratégie canadienne d’exportation de l’amiante dans différentes parties du monde.

Essayant de décrédibiliser cet événement, ils ont faussement proclamé qu’il s’agissait d’une action de propagande organisée par les producteurs des matériaux alternatifs d’amiante s’attaquant à tort à leur fibre "innocente".