Deux ans après la conférence de consensus du 15 janvier 1999, le suivi médical amiante est (presque) au point mort.

A l’issue de la conférence et à la demande du ministère, deux groupes de travail (auxquels ont participé l’Andeva et la Fnath), ont travaillé plusieurs mois pour réaliser un guide de repérage des expositions et préciser les modalités techniques et les critères de lecture des examens au scanner. Un premier rapport a été remis au gouvernement à la fin de l’année 1999.

C’est seulement le 12 juillet 2000 que le ministère a organisé une réunion pour faire le point sur la question. Cependant cette réunion n’a abouti à aucune décision, ce qui a soulevé la colère de plusieurs acteurs de la conférence de consensus scandalisés de l’inertie des pouvoirs publics.

Les verrous sont multiples mais d’abord financiers : coût des examens radiologiques, organisation de la surveillance, mise en place des sites pilotes. Les responsables des groupes de travail (P. Brochard en particulier) ont été chargés de présenter des projets concrets et chiffrés pour l’organisation des sites pilotes dans les 5 régions candidates : Nord - Pas de Calais ; Normandies Haute et Basse ; Ile-de-France ; Auvergne ; Aquitaine.

Ces projets ont été remis au ministère à la fin de l’année 2000... et nous attendons.


Du nouveau dans les examens radiologiques, en particulier pour le dépistage précoce du cancer broncho-pulmonaire

Une réunion intéressante s’est tenue à l’occasion du congrès de pneumologie à la fin du mois de janvier, à laquelle avaient été invités les représentants des associations de victimes.

Nous y avons appris que les techniques radiologiques avaient déjà beaucoup évolué (scanners multicoupes en particulier), ce qui permet d’espérer qu’on pourra rapidement disposer d’un examen tomodensitométrique à la fois très performant et très peu irradiant (équivalent d’une radiographie thoracique).

Ce type de scanner pourrait être utilisé prochainement (dans 2 à 5 ans) "en routine" pour le dépistage précoce du cancer broncho-pulmonaire
auprès des populations à risque. Il est intéressant de savoir qu’un projet européen de dépistage du cancer broncho-pulmonaire est en train de se mettre en place : ceci va accélérer la diffusion de ces nouvelles techniques radiologiques ainsi que l’élaboration d’une procédure d’analyse des images et d’une conduite à tenir codifiée devant la découverte de nodules (examens complémentaires, rythme de surveillance etc.).

Le suivi médical des personnes ayant été exposées à l’amiante devrait profiter en priorité de ces avancées.


La mise en route des sites pilotes aura-t-elle lieu au cours de l’année 2001 ?

En février 2001 nous avons appris dans les couloirs du ministère que "l’argent était débloqué" pour la mise en place des sites pilotes de surveillance médicale des personnes ayant subi une exposition à l’amiante.
Le discours de Mme Guigou devant le Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Professionnels a confirmé l’information : "dans la ligne de la conférence de consensus de 1999, une priorité doit être accordée pour renforcer l’efficacité du suivi post exposition des travailleurs dans les régions pilotes retenues".
Souhaitons que nous puissions faire le bilan du démarrage des sites pilotes dans le prochain bulletin de l’Association...

Les principales difficultés consistent dans le financement des scanners en général, et de ceux du suivi post-exposition en particulier (celui-ci concerne les personnes encore au travail, et il est de la responsabilité du médecin du travail). Finalement on semble s’orienter vers un financement direct par la sécurité sociale (Fonds d’Action Sanitaire et Sociale ou branche AT/MP ?), pour l’ensemble des examens...

La première étape devrait être la réalisation concrète et la diffusion des guides de repérage des expositions et de l’atlas des images radiologiques, qui ont été préparés par les groupes de travail. Manque le document destiné aux salariés et aux retraités concernés par la surveillance, pour lequel nous devons d’ailleurs faire une proposition.

Du côté des associations de victimes le défi est que leurs représentants sachent prendre toute leur place dans ce dispositif et d’abord dans les sites pilotes où de nombreuses questions seront débattues : accès au SPP et SPE, attestations d’exposition, restitution des résultats (individuelle et collective), protocole de surveillance des anomalies dépistées...

Il sera indispensable de partager les informations entre les différentes régions et de donner aux représentants des victimes les outils nécessaires pour jouer leur rôle dans ces instances d’un genre nouveau. L’enjeu est important.


Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°8 (avril 2001)