Pour faire entendre leurs revendications sur la cessation anticipée d’activité, ils ont occupé d’abord le bureau du Directeur de la Fédération maritime, puis les locaux du Port Autonome de Bordeaux.

Depuis octobre 2000, notre association a enregistré l’adhésion d’une centaine de dockers du Port de Bordeaux et de quelques ouvriers du port autonome de Bordeaux.

Pour les dockers (professionnels et intermittents), ces ouvriers avaient négocié leur licenciement en 1992. Beaucoup se retrouvent au RMI avec de grandes difficultés financières.


Les carences de la législation

La cessation anticipée d’activité serait une solution à leurs problèmes. Mais les instances dirigeantes du Port autonome de Bordeaux ne prennent en compte que la période de 1961 à 1986. Des dockers ne peuvent donc en profiter.

Les statistiques officielles ne tiennent pas compte de la période de 1986 à 1996. Or durant ces années les dockers ont été exposés : d’abord parce que quelques tonnes d’amiante furent déchargées à Bordeaux, mais aussi parce que tous les bateaux de marchandises sont porteurs d’amiante par leur conception même (calorifugeages, insonorisations, isolations...) et qu’avec l’usure du temps les fibres nocives s’échappent.


Définir nos revendications

Nous décidons de tenir une réunion pour avoir l’avis des intéressés, et discuter des revendications :

- obtenir que le Port Autonome de Bordeaux soit sur la liste des
sites ayant manipulé de l’amiante jusqu’en 1996.

- faire prendre en compte la seule moyenne des jours travaillés, soit 315 jours par an, pour le calcul de l’allocation. Ces revendications n’ayant pas abouti, nous passons à l’action.


On occupe sans cris ni heurts

Le 13 décembre 2000, nous arrivons à 9 heures, avec une quarantaine de dockers, dans le bureau du Directeur de la Fédération Maritime de Bordeaux. Nous lui signifions que nous venons occuper les lieux jusqu’à satisfaction.

Cela se fait dans la plus grande correction, sans cris ni heurt.Nous avons un interlocuteur coopératif : en quelques heures, après un contact avec les organismes officiels (Ministère de l’Emploi, CRAMA...), il provoque une réunion en fin d’après-midi. Elle aboutit à un accord sur ce que nous demandons pour le calcul de l’allocation de cessation anticipée d’activité.

Mais la question de la période d’exposition reste en suspens. Nous demandons que la période d’exposition retenue soit élargie jusqu’en 1996. En effet, même s’il n’y avait plus d’amiante en sacs à décharger pour la période 1986/1996, certains des bateaux qui s’amarraient au Port de Bordeaux transportaient ou avaient transporté de l’amiante. Les dockers furent donc en contact avec les poussières d’amiante, pour la plupart d’entre eux, jusqu’en 1996.

Nous développons ces arguments en demandant à nos interlocuteurs d’intervenir auprès des instances administratives et ministérielles pour que la période d’exposition retenue soit élargie.

Début mars, nous n’avons reçu aucune réponse des dites administrations.

Le 8 mars 2001, une occupation des locaux du Port Autonome de Bordeaux est donc organisée, toujours avec calme et courtoisie, mais aussi détermination à faire aboutir nos revendications. La Direction du Port Autonome, surprise de notre intrusion, est d’abord réticente. Puis, au fil la discussion elle doit reconnaître que nos arguments sont valables. Nous décidons de lever l’occupation à 18 heures, avec une invitation à une réunion à la Préfecture de Gironde le 12 mars (Préfet, représentants de la CRAMA, et de la DASS, etc.)


Réunion à la Préfecture

Le 12 mars, nous nous nous rendons à cette réunion. Une cinquantaine de personnes resteront devant les portes de la Préfecture jusqu’à la sortie des négociations, vers 17 h 30.

Tous les participants reconnaissent que les dockers ont été exposés aux poussières d’amiante jusqu’en 1996. Tous disent qu’ils feront le nécessaire afin que le Ministère de l’Emploi revienne sur sa décision et qu’il prolonge la période d’exposition.


Manipuler ou inhaler ?

La Loi vise les établissements dont les salariés ont manipulé le produit. En fait elle devrait plutôt viser ceux qui l’ont inhalé. Les victimes de l’amiante furent contaminées car elles ont inhalé de l’amiante en la manipulant, mais aussi en étant sur les lieux où ce poison était présent (dans les calorifuges, isolations, joints, flocages, etc.). Il serait important qu’au sein des Associations de Défense nous nous penchions davantage sur l’interprétation de textes de lois, qui peuvent nous être préjudiciables dans l’avenir.

Après la réunion à la Préfecture, nous nous sommes séparés avec la promesse que nos interlocuteurs interviendraient auprès des instances concernées. Si le 22 mars nous n’avons pas de réponse, la Préfecture s’est engagée à organiser une réunion au Ministère de l’Emploi et de la solidarité à Paris au Cabinet de la Ministre. Sinon, nous poursuivrons nos occupations-surprises !

Grâce à notre action les choses ont commencé à bouger . Il faut persévérer.

Le vice-Président
Jacques Sarailha


Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°8 (avril 2001)