L’A.B.E.V.A - association belge des victimes de l’amiante - vient de naître. Sa création a reçu un large écho dans les médias.

En Belgique aussi le nombre de maladies dues à l’amiante ne cesse d’augmenter.

Le pays a connu une importante industrie fabriquant des produits à base d’amiante, avec à sa tête la puissante Eternit (devenue Etex).
Pendant des années les ravages de l’amiante ont été occultés. Le grave incendie de l’Innovation et ses 300 victimes, en 1967, fut le tremplin idéal pour généraliser l’usage d’un matériau déjà assez répandu.

Plusieurs émissions de télé avaient pourtant donné l’alarme dès 1977. Rien n’y fit. La puissance de l’industrie et la complaisance de l’État n’ont pas permis aux alertes d’être entendues.

L’affaire du Berlaymont - la contamination passive de fonctionnaires européens dans les locaux de la commission et les opérations particulièrement mal exécutées de décontamination - fut une étape dans ce dossier.

Récemment, une riveraine de l’entreprise Eternit, a porté plainte au civil contre cette société. Elle était atteinte d’un mésothéliome, comme son mari, cadre chez Eternit décédé du même mal 13 ans plus tôt. Quelques semaines avant son décès en juillet 2000, elle lança un appel courageux et pathétique pour que les autres victimes se fassent connaître et s’organisent.

Plusieurs personnes, victimes, proches, sympathisants, se sont alors organisés et ont fondé, le 20 décembre 2000, l’ABEVA, l’association belge des victimes de l’amiante.


Une couverture insuffisante

Comme dans la majorité des pays européens, la fabrication, l’importation, la diffusion, de produits contenant de l’amiante est aujourd’hui presque totalement interdite, hormis les dérogations conformes au texte européen. Mais dans les installations industrielles et les bâtiments publics et privés, la quantité d’amiante présent est considérable, sans doute parmi les plus élevées en Europe.

Tout laisse craindre un fort développement des maladies liées à l’amiante dans les années à venir. De nouvelles victimes professionnelles et environnementales s’ajoutent aux travailleurs atteints d’asbestose, dont le nombre atteint des sommets, après la fermeture des entreprises.

La couverture des victimes concerne uniquement les travailleurs qui peuvent relever du Fonds des Maladies Professionnelles (FMP). Elle est l’objet de critiques liées aux critères de reconnaissance, à la procédure, aux taux de couverture retenus...

Les travailleurs indépendants ne sont pas couverts. Les victimes d’une "contamination professionnelle passive" (du type employés de bureau) ont de grandes difficultés à faire valoir leurs droits. Rien n’est prévu pour les victimes environnementales.

Il reste aux victimes non couvertes la possibilités d’une action en justice. Mais le droit belge ne connaît pas la faute inexcusable, et les chances de succès devant les tribunaux sont limitées.


Premiers acquis de l’ABEVA

La création de l’ABEVA a reçu un large écho dans les medias.

L’association a deux numéros de téléphone (un pour les francophones et un pour les neerlandophones) et un site Internet. Elle reçoit de nombreux appels, essentiellement de victimes ou de leurs proches, de sympathisants, ou de professionnels de la santé intéressés.

Une première réunion de victimes, de Flandre et de Wallonie a eu lieu le 10 mars. Une centaine de personnes. Un climat de concentration, d’émotion et de volonté d’agir.

Nous avons reçu des appels de différentes formations politiques. Des questions parlementaires ont été posées aux ministres responsables.

Le gouvernement a rapidement pris contact avec l’ABEVA. Il va créer un groupe de travail interministériel composé des représentants des différents ministères concernés (Santé publique, Emploi et Travail, Affaires Sociales...). L’ABEVA aura un contact permanent avec lui, tout en préservant sa totale autonomie. La Ministre de la santé publique a mis à l’étude la création d’un "registre de l’amiante" recensant les maladies.

Le principe d’une indemnisation de toutes les victimes de l’amiante est maintenant sur la table. On ne peut préjuger de ce que seront les solutions proposées par le gouvernement. Mais c’est déjà un premier acquis.

L’ABEVA remercie chaleureusement Hélène Boulot et l’ANDEVA pour l’aide reçue ces derniers mois.


A B E V A
Association belge de défense des Victimes de l’Amiante
Site internet : www.abeva.be


Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°8 (avril 2001)