L’amiante était travaillée à la fourche "

- Tu as travaillé 9 ans à Amisol. Quelles étaient les conditions de travail dans cette usine  ?


Aujourd’hui la loi considère qu’au-dessus de 5 fibres d’amiante par litre, un bâtiment présente des risques. Mais à l’époque dans nos locaux de travail il y avait plusieurs centaines de milliers voire plusieurs millions de fibres.

Si Henri Pézerat et des gens de Jussieu n’étaient pas venus en 1977 pour nous faire découvrir ce scandale, il serait sans doute passé inaperçu à ce moment-là.

- Comment cela se passait concrètement ?


On travaillait " le nez au vent " sans aspiration, dans une atmosphère blanche d’amiante. Il neigeait tous les jours, mais ce n’était pas Noël !

- Comment le personnel d’Amisol a-t-il réagi à cette mise en examen ?


La décision a été bien accueillie. Une copine a dit : " avant on avait l’impression de se battre contre un fantôme. Maintenant il a un nom et un visage, et il est mis en examen ".

En fait il y a plus de soulagement que de joie.

Dans cette entreprise où travaillaient 271 personnes au moment de la fermeture, il y a eu plusieurs dizaines de malades et beaucoup de décès.


article paru dans le Bulletin de l’Andeva N°5 (juin 1999)