Une visioconférence a été organisée le 21 juin 2021 avec le groupe de travail maladies professionnelles de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). La délégation de l’Andeva était composée de Jacques Faugeron, président de l’Andeva et administrateur de l’Addeva 44 (Loire atlantique), Alain Bobbio, secrétaire national de l’Andeva et président de l’Addeva 93 (Seine-Saint-Denis), Christiane De Felice, administratrice de l’Andeva et présidente de l’Adevimap (région Paca)

En 2009, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait publié une étude confirmant l’existence d’un lien avéré entre l’amiante et les cancers du larynx et de l’ovaire ainsi que d’un lien probable entre l’amiante et le cancer colo-rectal.

12  ans de retard

Il aura donc fallu attendre douze ans pour que soit mise à l’ordre du jour la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces trois pathologies.

Ce décalage entre l’évolution des connaissances scientifiques et l’évolution des tableaux est dû au blocage du Medef. Il est d’autant plus choquant que dès 2010 le cancer du larynx était sur les listes de maladies professionnelles en Belgique, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, au Luxembourg et au Portugal...

Aujourd’hui la discussion s’ouvre. Ni le contenu de ces tableaux ni leur existence même ne sont à ce jour acquis. Cela dit, il est positif que la discussion entre patronat et syndicats au sein de la commission AT-MP soit précédée d’une expertise indépendante de l’Anses et que l’Andeva soit consultée.

La difficile
reconnaissance « hors tableaux »

Dans l’immédiat, ces trois cancers peuvent être reconnus en tant que maladies  « hors tableaux » après avis d’un Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) comme le prévoit l’article L 461 alinéa 7 du Code de la Sécurité sociale.

Mais les victimes se heurtent à de grandes difficultés, car elles doivent apporter la preuve d’un « lien direct et essentiel » entre l’exposition à l’amiante et la pathologie. Dans les rares cas, où cette reconnaissance est obtenue c’est souvent après un long contentieux, avec des avis successifs de deux voire trois CRRMP.

Pour une association locale de l’Andeva, le nombre total de dossiers se compte en général sur les doigts d’une main pour le cancer du larynx ou le cancer colo-rectal. Quant au nombre de cancers de l’ovaire, il est presque toujours nul.

La création de 3 tableaux serait donc une avancée. L’Andeva demande qu’elle intervienne rapidement et que la liste des travaux soit indicative et non limitative, comme dans le tableau 30.

 

Le cancer du larynx concerne chaque année plus de 3000 personnes. Environ 85 % des malades sont des hommes. Les praticiens en attribuent le plus souvent l’origine au tabagisme, sans prendre la peine de rechercher une éventuelle origine professionnelle (amiante, silice) .

Le cancer de l’ovaire touche près de 4600 femmes par an. Le lien avec l’amiante est connu de longue date, mais la déclaration par un gynécologue ou un cancérologue est rarissime. La découverte de ce cancer est souvent tardive, faute de symptômes précoces. La grande majorité des cas sont découverts aux stades III et IV.

Le cancer colo-rectal est la deuxième cause de décès par cancer en France. Il se développe lentement à l’intérieur du côlon et du rectum, le plus souvent à partir de polypes. Il touche 4 hommes sur 100 et 3 femmes sur 100, le plus souvent après 50 ans. Sa détection à un stade précoce améliore les chances de guérison. Un dépistage est proposé aux personnes de 50 à 74 ans. Mais cet envoi n’est accompagné d’aucune ’information sur la possibilité d’une origine professionnelle.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°66 (septembre 2021)