Présidée par François Desriaux, la table ronde sur le Fiva s’est déroulée en deux temps : le premier pour saluer la mobilisation unitaire qui a réussi à empêcher la fusion entre l’Oniam et le Fiva ; le second pour discuter de l’accès aux droits et des problèmes que les associations rencontrent avec les médecins du Fiva.
François Desriaux estime que le vote du CA du Fiva contre la fusion avec l’Oniam est un tour de force.
Serge Moulinneuf, représentant de l’Andeva dans cette instance avec Huguette Mercier, dit que cette victoire est due à l’unité des associations, des syndicats et des experts.
Serge Journoud de la CGT note que le vote des représentants patronaux contre la fusion est dû à des considérations financières.
Eric Wasielewski, du CHU de Lille dit que les soignants ont poussé un ouf de soulagement en apprenant le maintien du Fiva comme organisme indépendant.
Jean-Marie Branstett de FO propose à l’Andeva d’envoyer une délégation à Strasbourg pour appuyer le vote d’une résolution sur l’amiante au Parlement européen. La proposition est acceptée (voir l’article p. 31).
La discussion sur le Fiva se poursuit avec de nouveaux intervenants : Pascale Romenteau, directrice du Fiva, Lucien Privet, médecin référent de l’Andeva et Marie Pascual de l’association Bernardino Ramazzini.
Pascale Romenteau rappelle que le Fiva assure une réparation intégrale de tous les préjudices pour toutes les victimes de l’amiante, professionnelles ou non, quel que soit leur statut ainsi que pour leurs ayants droit.
Mais, 20 ans après sa création, on constate qu’une victime de mésothéliome sur deux ne demande pas d’indemnisation au Fiva. La question de l’accès aux droit est une priorité. Des contacts ont été pris avec le corps médical, la CNAM, des assistantes sociales. Il faut informer les personnes concernées sur leurs droits.
François Desriaux évoque le rôle que devraient jouer les médecins hospitaliers.
Eric Wasielewski dit que le Fiva a envoyé à Lille un milliers d’affichettes d’information. Elles ont été diffusée dans les régions par le réseau Netmeso.
Des intervenants de la salle évoquent les difficultés rencontrées pour diffuser l’information sur les droits des victimes à l’hôpital.
Eric Wasielewski va voir comment intervenir pour lever ces obstacles.
Eric Lemer de l’Afpa 86 s’étonne que des plaques pleurales reconnues en maladie professionnelle soient refusées par le Fiva. Les victimes ne comprennent pas.
Pascale Romenteau dit que la reconnaissance d’une maladie professionnelle ne constitue qu’une présomption simple. Elle ne dispense pas le Fiva de vérifier le diagnostic et d’évaluer les préjudices. S’il y a désaccord, il notifie un refus.
Lucien Privet suit des dossiers de maladies professionnelles pour l’Andeva et les cabinets d’avocats. En cas de refus du Fiva, s’il voit une plaque pleurale sur l’imagerie médicale, il conseille de contester en indiquant l’image du scanner où elle est visible. S’il n’en voit pas, il conseille de ne pas engager de contentieux. Mais, depuis un an les refus se multiplient. lls émanent de deux médecins experts du Grand Est embauchés par le FIVA. Il les connait de longue date et sait par expérience qu’ils sont défavorables aux victimes. Ils se réfèrent à un vieil atlas iconographique aujourd’hui dépassé.
Pascale Romenteau conteste ces appréciations.
Marie Pascual dit qu’il est inacceptable pour une victime que son pneumologue et son radiologue aient vu des plaques, que la Sécurité sociale les ait indemnisées et que le Fiva dise : « Circulez, il n’y a rien à voir » ! Il faut demander la création d’un groupe de travail avec
les sociétés de pneumologie et de radiologie et la participation des associations de victimes, comme cela s’est fait en 2002, afin de réaliser une remise à jour de cet atlas iconographique.
Une intervenante s’interroge sur la fiabilité des algorythmes utilisés par ces experts pour convertir en 3 D des images prises en 2D.
Lydie Jablonski dit qu’on ne peut se contenter d’une réponse du type : « vous n’avez pas une maladie liée à l’amiante ». Les médecins du Fiva doivent indiquer précisément les motifs de leur refus.
Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°67 (janvier 2022)