Un décret du 20 décembre 2021 a créé le tableau des maladies professionnelles n° 61 relatif au cancer de la prostate provoqué par les pesticides. Il fixe les conditions de prise en charge au titre des maladies professionnelles dans le régime agricole : un délai de prise en charge de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans et une liste indicative des travaux susceptibles de provoquer cette pathologie en milieu agricole. Ce décret concerne tous les pesticides. Il était très attendu aux Antilles où le chlordécone a provoqué une gigantesque catastrophe sanitaire.

 

Antoine LAMBERT (président de l’association Phyto-victimes) 

« Les effets des pesticides sur la santé et l’environnement étaient connus depuis longtemps »

 

à quand remonte la connaissance des effets des pesticides sur la santé et l’environnement ?

Ils étaient connus depuis longtemps. Pour le cancer de la prostate, nous savions, dès la publication du rapport de l’INSERM en 2013 qu’il y avait une « présomption forte » de lien avec les pesticides.

Depuis, ce lien a été confirmé par de nombreuses études (INSERM 2021, ANSES, AGRICAN...).

La création d’un tableau de maladie professionnelle s’imposait. Le 12 octobre 2021, la COSMAP (Commission Supérieure des Maladies Professionnelles en Agriculture) avait donné un avis favorable. Mais aucun consensus n’a pu être trouvé entre les partenaires sociaux sur le délai de prise en charge ni sur la durée minimum d’exposition.

Que penses-tu de la rédaction du tableau 61 ?

Nous saluons la mise en place officielle de ce tableau, que certaines victimes attendaient depuis des décennies. Le délai de prise en charge de 40 ans nous satisfait, mais la durée d’exposition minimum de 10 ans ne correspond pas aux connaissance scientifiques. Le rapport rendu par l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses) ne prévoyait aucune durée minimum d’exposition.

Plusieurs organisations (associations de victimes, organisations syndicales et patronales) avaient publié un communiqué de presse commun demandant que la durée d’exposition minimum soit de 5 ans.  Mais il y a eu d’énormes pressions sur le gouvernement et il a finalement allongé cette durée de 5 à 10 ans.

Cette décision a été prise pour des raisons purement financières et politiques. Elle limitera le nombre de victimes éligibles. Elle traduit un mépris envers les victimes d’Outre-Mer et de métropole.

Une fois de plus, le gouvernement a répondu au chantage financier des lobbies agricoles. De fait, certaines organisations empêchent leurs adhérents de faire valoir leurs droits, sous prétexte du coût que cela pourrait représenter.

Ce positionnement est totalement contradictoire : d’un côté, on crée un fonds d’indemnisation des victimes des pesticides pour faciliter les démarches et de l’autre, on met en place un tableau qui complexifie le parcours administratif pour des victimes qui devront prouver une exposition d’au moins 10 années, avec le risque de ne pas pouvoir être reconnues en maladie professionnelle.

Nous remercions cependant les organisations qui ont su travailler au-delà des clivages politiques et syndicaux pour défendre les victimes des pesticides.

Que penses-tu de la liste des travaux qui figure dans la troisième colonne  du tableau ?

C’est une liste indicative dont la rédaction est générale : Elle ne devrait pas poser de problème particulier.

L’association Phyto-victimes a maintenant du pain sur la planche.

 Oui, nous appelons l’ensemble des personnes concernées par ce nouveau tableau à se rapprocher de notre association :

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ou

06 40 19 87 98.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°67 (janvier 2022)