La Covid 19 a, depuis deux ans, mis les équipes de bénévoles à rude épreuve. Cependant depuis le début de cette année, malgré les incertitudes, les associations locales de victimes affiliées à l’Andeva ont pu tenir leurs assemblées générales en présentiel.

Les permanences ont repris. Semaine après semaine, de nouveaux dossiers sont ouverts pour des victimes ou des ayants droit. Le constat est général : les maladies bénignes diminuent, les cancers augmentent, en particulier le mésothéliome.

Face à cette montée des maladies graves, l’Andeva est attentive aux progrès de l’immunothérapie et à la mise en place du réseau national de centres experts, NETMESO, qui réunit des cliniciens et des anatomopathologistes spécialisés dans le mésothéliome. Elle souhaite y apporter sa contribution. Des relais NETMESO ont été mis en place dans chaque région, il ne faut pas hésiter à les contacter afin que chaque malade sur le territoire ait la même facilité d’accès à la validation du diagnostic et aux protocoles de soins les plus récents.

Les cancers du larynx et de l’ovaire liés à l’amiante vont être inclus dans les tableaux de maladies professionnelles. Le Medef tentera probablement, comme à son habitude, d’imposer des critères restrictifs pour réduire le nombre de salariés indemnisables. Il faudra rester vigilants.

Le préjudice d’anxiété ne concerne plus seulement les salariés exposés à l’amiante mais aussi ceux qui peuvent démontrer qu’ils ont été professionnellement exposés à un produit nocif ou toxique présentant un risque élevé de pathologie grave. Après cette importante avancée, la Cour de cassation et le conseil d’Etat ont précisé  et encadré cette jurisprudence. On retiendra que la constitution de dossiers solides demeure plus que jamais nécessaire et que l’issue de la bataille n’est pas gagnée d’avance. Il n’existe pas de « prime » d’anxiété.

 Concernant le pénal, des décisions de justice étaient attendues dans deux dossiers emblématiques : celui d’Eternit et celui de Condé-sur-Noireau où les victimes de la fibre tueuse se comptent par centaines. On espérait que la chambre de l’instruction allait non seulement annuler les non-lieux des mis en examen, mais encore renvoyer le dossier directement en correctionnelle, comme le demandaient les parties civiles.

Finalement, le délibéré a été reporté de cinq mois dans le dossier Eternit. On peut craindre que celui de Condé ne suive le même chemin. C’est une épreuve supplémentaire pour les familles endeuillées par l’amiante. Le combat continue.

Force est de constater que la Santé publique et la Justice n’ont occupé qu’une place marginale dans le débat électoral. Elles occupent pourtant une place centrale dans nos vies.

Après le temps des urnes viendra celui des mauvais coups. Nous avons déjà donné avec le projet incohérent et néfaste de fusion entre l’ONIAM et le FIVA, qu’une mobilisation unitaire a heureusement réussi à mettre en échec. La composition du nouveau gouvernement nous fait craindre que d’autres attaques se profilent, avec l’annonce d’un nouveau barème Sécurité sociale, bien plus défavorable que le barème actuel, pour les maladies professionnelles respiratoires. La réforme des retraites risque d’avoir des conséquences négatives sur le dispositif de pré-retraite amiante, alors qu’il faudrait au contraire étendre le droit à une cessation anticipée d’activité à d’autres travailleurs dont les expositions professionnelles réduisent l’espérance de vie.

Rien n’est jamais acquis définitivement et les menaces sont grandes. Pour défendre et améliorer l’existant, le mouvement social des salariés et des victimes du travail devra retrouver le chemin de la mobilisation.

Jacques Faugeron

Alain Bobbio


Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°68 (juin 2022)