L’ANSES demande au gouvernement de les ajouter à la liste des « procédés cancérogènes » figurant dans le Code du Travail.

 Le 14 avril 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de  l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)  a publié un communiqué faisant suite à une expertise collective sur les travaux exposant aux fumées de soudage. L’Agence demande au gouvernement de classer les travaux exposant à ces fumées en tant que procédés cancérogènes
(article R.4412-60 du Code du travail).

Des cancers avérés du poumon et du larynx

L’Agence rappelle qu’en 2018, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait classé les fumées de soudage en tant que « cancérogène pour l’Homme » (groupe  1) sur la base de preuves qualifiées de « suffisantes chez l’Homme » pour les cancers du poumon et qualifiées de « limitées » pour le cancer du rein.

L’Anses note que les connaissances se sont précisées depuis : « Des études postérieures permettent aujourd’hui de conclure à des preuves suffisantes pour le cancer du larynx et à des preuves limitées pour les cancers de la cavité buccale et naso-sinusiens. »

Un demi-million de salariés exposés

« Selon l’enquête SUMER 2017 conduite par le ministère du travail, 528 000 salariés, soit 2,1% des salariés français, sont exposés aux fumées de soudage d’éléments métalliques.

La profession de soudeur n’est pas la seule concernée. En effet, de nombreux travailleurs peuvent être exposés à ces fumées tout au long de leur carrière sans que la soudure ne constitue leur activité principale. La construction, l’installation et la réparation de machines et d’équipements, la réparation de véhicules ou encore la métallurgie sont autant de secteurs d’activité concernés. »

L’Anses demande une inscription globale

Dans la mesure où il n’est pas possible d’imputer un risque de cancer à un type de procédé de soudage en particulier, « l’Agence recommande d’inscrire l’ensemble des travaux exposant aux fumées de soudage ou aux fumées métalliques de procédés connexes à la liste des substances, mélanges ou procédés cancérogènes au sens du Code du travail. »

Sur cette liste figurent notamment
les travaux exposant aux hydrocarbures polycycliques aromatiques (HPA), aux poussières de bois inhalables, au formaldéhyde, à la silice cristalline, aux émissions de moteur diésel...

« Cette recommandation permet également d’inclure les professionnels dont la soudure n’est pas l’activité principale ainsi que les travailleurs exposés de façon passive, de par leur présence à proximité de personnes effectuant des opérations de soudage », explique Dominique Brunet, responsable des risques chimiques à l’Anses, interrogée par l’Usine Nouvelle.

Sensibiliser, former, protéger...

La balle est maintenant dans le camp du ministère du Travail et de celui de l’Agriculture qui peuvent, par un arrêté conjoint, actualiser la liste des substances, mélanges et procédés cancérogènes.

L’Anses recommande d’ajouter à la liste « les travaux exposant aux fumées de soudage ou aux fumées métalliques de procédés connexes notamment le brasage fort, le gougeage, l’oxycoupage, la projection thermique, le rechargement. »

Cette inscription devrait rappeler aux employeurs leurs obligations en matière de prévention : suivi médical renforcé pour les travailleurs exposés et suivi médical post-professionnel pour les retraités, évaluation annuelle des risques cancérogènes et des mesures de prévention, interdiction aux moins de 18 ans et aux femmes enceintes...

Elle devrait les inciter à rechercher les procédés de travail les moins émissifs possibles, tels que le captage des fumées à la source, la mise en place d’un système de ventilation efficace, avec des possibilités d’aides financières par la Caisse d’Assurance Maladie ainsi que l’organisation globale de l’espace de travail, de façon à éviter les contaminations indirectes de salariés à proximité du poste de soudage.


Attention ! Le soudage
émet aussi des ultra-violets

L’Anses rappelle que les travaux de soudage émettent aussi des radiations UV classées « cancérogènes pour l’Homme » (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Elle recommande d’en tenir compte pour la prévention.


Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°68 (juin 2022)