Dans une interview au Maine Libre, Jacque Hertz, administrateur de l’Adeva 72, a expliqué le  combat de son association contre les décharges sauvages et ses interventions auprès des élus régionaux. L’Adeva est convaincue que ces dangereux dépôts dans la nature ne sont pas une fatalité et que des solutions existent.

"Nous recevons des photos de nos lanceurs d’alerte, explique Jacques Hertz,  Les membres de l’association ont lancé l’alerte auprès de la presse locale et des élus régionaux".  

Des tôles déposées en douce

Les clichés pris en forêt de Bercé et en bien d’autres endroits sont consternants.

Sur le site boisé de Moncé-en-Belin, à deux pas de la carcasse d’une voiture calcinée, des morceaux de tôles d’amiante-ciment, en grande partie recouverts par la végétation, ont été déposés en douce.

Le phénomène prend de l’ampleur depuis 2017 et la fin de la possibilité pour les particuliers de déposer l’amiante gratuitement à la déchetterie de la Chauvinière.

Une convention avait été passée entre Le Mans métropole et une entreprise pour récupérer les déchets amiantés, mais c’est coûteux. Et forcément, certains préfèrent se débarrasser dans la nature. Sans scrupules.

« Nous alertons les pouvoirs publics »

Face à cette situation, nous alertons les pouvoirs publics. Nous avons envoyé notre guide amiante à toutes les mairies du département et un courrier à tous les présidents de communautés de communes, en leur proposant une rencontre, mais nous avons très peu de retours. Certains disent qu’ils sont conscients du danger de ces dépôts, mais que leur prise en charge coûterait cher. Mais il s’agit d’une question de santé publique.

Il faut donc une volonté politique. Et pour l’instant, elle se fait attendre.  Nous ne sommes pas que dans la revendication ; nous sommes aussi une force de proposition ».   

« Depuis 1997, l’utilisation de l’amiante est interdite en France, dit Jacques Hertz, Mais on en trouve encore partout. Elle est omniprésente dans les garages d’immeubles, dans les bâtiments agricoles abandonnés, dans les maisons, dans les entreprises et dans de nombreuses écoles.

Et lorsqu’il est question de s’en débarrasser lors de travaux, des particuliers et des artisans vont au plus facile : le dépôt sauvage dans la nature. Un seul point de collecte, payant, c’est très nettement insuffisant ».

Une revendication : la gratuité

« Nous essayons de faire bouger les lignes mais c’est compliqué », déplore Jean-Jacques Latour.  « Ca ne bouge pas, y compris sur une ville comme Le Mans », regrette Jacques Hertz.

« Il existe cinq déchetteries sur la métropole. Si au moins l’une d’entre elles pouvait organiser un ou deux dépôts par an, ce serait mieux que rien. Il faut absolument une gratuité. Sinon, on n’a pas fini de retrouver des plaques un peu partout. »     

Une adresse aux élus de la région

En s’adressant aux élus sarthois, les membres de l’Adeva 72 citent en exemple l’agglomération du Cotentin, où le dépôt est possible « dans certaines déchetteries identifiées et sous certaines conditions », mais « limitées à un mètre cube par an et par foyer et ne peuvent être effectuées qu’avec la prise de rendez-vous en amont ». 

C’est possible, quand on le veut.

L’usager est ensuite contacté pour un premier rendez-vous au cours duquel on lui remet un contenant pour déposer l’amiante, un sac pour laisser son équipement de protection (combinaison, surbottes, etc) et un guide sécurité. « La preuve que c’est possible quand on le veut », conclut Jacques Hertz.       


Article paru dans le Bulletin de l'Andeva n°68 (juin 2022)