Vincennes, le 13 juin 2023

Amiante dans les écoles = danger

Le ministre doit réagir sans tarder.

Le 12 juin, les journalistes d’investigation de la série documentaire « Vert de rage » sur France 5 ont rendu publics les résultats de 8 mois d’enquête sur l’amiante dans les établissements scolaires. Ils révèlent une situation inquiétante pour la santé des élèves, des enseignants et du personnel d’entretien des locaux. L’Andeva alerte le ministre de l’Éducation nationale : il faut sortir de l’inertie et du déni, décider un plan d’urgence, pour mettre tous les établissements scolaires en sécurité.

L’enquête des journalistes de Vert de rage est d’une ampleur remarquable par sa durée (8 mois d’investigation), par le nombre d’écoles maternelles et élémentaires investiguées (19 331) et le nombre de mairies propriétaires et responsables des locaux contactées (37 077).

Ce travail de bénédictin complète et actualise des études réalisées en 2016 par l’Observatoire de la Santé et de la Sécurité dans les établissements scolaires (ONS) puis par vingt-et-un inspecteurs santé et sécurité (ISST). Les résultats de ces deux études étaient déjà préoccupants.

25 ans après l’interdiction de l’amiante en France le premier janvier 1997, 85% des établissements scolaires ont au moins un bâtiment construit avant cette date. Nous n’en serions pas là si le désamiantage des établissements scolaires avait été considéré comme une priorité nationale.  Avec l’usure du temps et le manque d’entretien des locaux, les bâtiments se dégradent, libérant des fibres d’amiante parfois dans des proportions surprenantes, comme l’ont montré les tests surfaciques réalisés à l’aide de lingettes par un expert pour cette enquête. Plusieurs milliers d’écoles n’ont pas de dossier technique amiante (DTA), alors que sa réalisation est obligatoire pour tout bâtiment construit avant l’interdiction. Les occupants ne savent pas s’il y a de l’amiante ni dans quel état et les mairies propriétaires des locaux se retrouvent en pleine illégalité. Quand le DTA existe il est souvent non conforme et non remis à jour.

Les journalistes de Vert de Rage se sont affrontés à un refus de répondre de la part de mairies ou de directeurs et directrices d’écoles, ces derniers ayant souvent reçu des injonctions de la hiérarchie pour ne pas parler de cette problématique.

Sur les 100 plus grosses villes propriétaires d’écoles, ils ont rencontré 93 refus (7 seulement ont accepté de leur répondre) !

Alors que la préservation de la santé des élèves et du personnel est l’une des missions essentielles d’un chef d’établissement, l’Éducation Nationale alterne les promesses non suivies d’effet et les menaces de sanctions contre les enseignants qui se préoccupent de la question. Directeurs et mairies se renvoient la balle.

L’omerta règne, alors que sur un sujet aussi sensible que l’amiante, la transparence devrait être la règle.

Telle est la situation des écoles en 2023. Aujourd’hui de plus en plus d’enseignants sont conscients qu’ils accueillent des élèves ayant entre 3 et 10 ans, dans des conditions indignes et dangereuses pour tous. Des enseignants, des personnels d’entretien ont développé des maladies liées à l’amiante et meurent dans l’invisibilité complète. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête si les vrais responsables refusent de prendre le problème du désamiantage à bras-le-corps.

L’Andeva et ses associations locales demandent au ministre de l’Éducation nationale de prendre la mesure du problème et d’y répondre par un plan d’urgence :

 

  • Faire de l’’éradication de l’amiante des écoles une priorité nationale avec des moyens financiers ;
  • Contrôler la réalisation effective des dossiers techniques amiante par les collectivités locales, vérifier leur mise à jour régulière ;
  • Constituer une base de données nationale de ces DTA, accessible par Internet aux professionnels et à toutes les personnes concernées (enseignants, agents, parents d’élèves) ;
  • Améliorer la fiabilité des mesures d’empoussièrement et faire évoluer la réglementation ;
  • Mettre enfin en place un suivi médical des personnes exposées ;
  • Améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles des fonctionnaires