Je suis Nathalie du CAPER Bourgogne. Je suis confrontée quotidiennement au problème des déserts médicaux dans notre région.

En effet, nous sommes situés en Saône-et-Loire et à environ 10 km de l’Allier et pratiquement tous les jours, un des adhérents de notre association me demande si je ne connaîtrais pas un pneumologue qu’il pourrait contacter pour lui demander de le prendre comme patient,  soit parce qu’il n’a jamais consulté aucun pneumologue, soit parce que son pneumologue  n’exerce plus (c’est le cas le plus fréquent). Il a pris sa retraite sans avoir trouvé de successeur et sans même pouvoir indiquer à ses patients le nom d’un confrère à contacter.

Autrefois, nous avions deux pneumologues en même temps à l’hôpital de Paray-le- Monial. A ce jour, il  n’en reste plus qu’un. Il a plus de 70 ans. Il est à mi-temps et ne consulte plus qu’une demi-journée par semaine, en attendant de trouver un remplaçant.

En fait, il n’y a plus de service de pneumologie, ni de service de cardiologie au Centre hospitalier de Paray-le-Monial (une ville d’environ 10 000 habitants).Si vous arrivez en urgence dans cet établissement hospitalier pour un important problème cardiaque ou pneumologique, vous serez transféré au Centre hospitalier de Mâcon à une heure de route...

Nous sommes dans une région très sinistrée par l’amiante. à moins de 5 kilomètres de cet hôpital et de notre association, se trouvait l’entreprise Eternit de Vitry-en-Charollais qui fabriquait de l’amiante-ciment (160 décès à ce jour et des centaines de malades). à la belle époque, elle a compté jusqu’à 1200 salariés dans les années 1970. Ils sont tous devenus des patients ou de potentiels patients pour les pneumologues au titre de leurs maladies de l’amiante ou même au titre des simples contrôles pneumologiques pour ceux qui ont la chance de ne pas encore être malade de l’amiante ou d’une autre pathologie pulmonaire.

De plus, un bon nombre d’entre eux n’ont plus de médecin traitant car beaucoup d’entre eux ont pris leur retraite et n’ont pas trouvé de successeur pour reprendre leur patientèle. D’autres encore n’ont plus non plus de cardiologues.

Dans notre région, pour se rendre chez un ophtalmologue ou un dermatologue, il faut faire deux heures de route aller et retour, à condition qu’un praticien vous accepte comme nouveau patient car il n’y en a plus du tout sur notre bassin. Beaucoup de mes proches n’ont plus d’ophtalmologue et aucun de nous n’a plus non plus de dermatologue.

Une des raisons du manque de médecins et de spécialistes sur notre région est, je pense, liée au fait que nous sommes dans un département à forte connotation agricole et que les jeunes diplômés  préfèrent exercer dans de grandes villes pouvant offrir une attractivité et des commodités qui font défaut à la campagne.


Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°71 (juillet 2023)