Le 6 février 2023, la terre a tremblé à 4 heures 17 du matin en Turquie et en Syrie. Ce séisme d’une magnitude de 7,8 a provoqué en quelques minutes des dégats humains et matériels considérables. Mais le bilan de cette catastrophe risque encore d’être alourdi par les effets sanitaires à long terme de l’écroulement des bâtiments et du déblaiement, dans l’urgence et sans précautions, de plusieurs millions de tonnes de gravats chargés d’amiante et d’autres produits cancérogènes.

Un  bilan immédiat dramatique

En Turquie, un bilan provisoire, sans doute très incomplet, dénombre 46 000 morts et 105 000 blessés.

Le séisme a détruit plus de 200 000 bâtiments dans onze des 81 provinces du pays. Des millions de personnes ont été déplacées.

Selon Luisa Vinton, responsable pour la Turquie du programme des Nations Unies, « il est déjà clair que les seuls dégats matériels vont se monter à plus de 100 milliards de dollars ».

En Syrie, 6000 personnes ont perdu la vie.

De redoutables effets à long terme

En s’écroulant, les batiments ont soulevé d’épais nuages de poussières chargés d’amiante et d’autres cancérogènes. On doit craindre une vague de cancers, 30 ans après la catastrophe...

Ce n’est pas tout. Aux victimes des effets différés du séisme risquent de s’ajouter les victimes du déblaiement et de la reconstruction !

Des villes entières ont été quasiment rasées. Il faut les rebatir. à Adiyaman, une ville proche de l’épicentre du séisme en Turquie, tout a été détruit et tout est à reconstruire. De gigantesques tas de gravats s’étendent sur des kilomètres dans un océan de ruines...

Le déblaiement et la reconstruction sont une urgence sociale, mais c’est aussi un défi sanitaire et technique. En effet, ces montagnes de gravats contiennent des tonnes d’amiante et d’autres produits dangereux. Si les travaux sont faits à la hâte et sans précautions, la liste des victimes de cancers  s’allongera dans 30 ans.

Or les autorités locales, peu regardantes sur les problèmes de santé publique, ont confié l’enlèvement des gravats à une société privée qui les retire dans des nuages de poussières et les déverse dans une zone humide, au mépris de l’environnement.

Repenser la ville

Interviewé par Le Monde l’architecte Ufuk Bayir  estime qu’il « faudra démolir au moins 60% ou 70% de la ville. Car au moins 30% du centre-ville a été détruit et 60 % des bâtiments restants sont inhabitables et présentent un grand danger.»
Il considère que c’est toute cette ville, construite en zone sismique, qui devrait être repensée.


Article publié dans le Bulletin de l’Andeva n°71 (juillet 2023)