En janvier 2019, Emmanuel Roy et des profs du lycée Brassens de Villeneuve-le-Roi ont lancé le site Internet « Urgence - Amiante - Ecoles ». Dans un contexte marqué par une série de luttes locales contre l’amiante dans l’Éducation nationale sur ce thème, leur initiative a eu un écho important.

Ils nous expliquent ici quelles sont leurs motivations, leurs difficultés et leurs projets d’avenir.

Emmanuel Roy

Réalisateur, auteur du film « La part du feu ».
Son père, enseignant puis proviseur, est décédé d’un mésothéliome.

Cyril Verlingue

Prof de français au lycée Brassens, où des enseignants ont porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.

"Nous voulions que ce site soit un outil pour les enseignants et parents d’élèves qui se heurtent au déni de l’administration"

Pourquoi avoir créé ce site ?

Cyril : Il y a depuis des années des luttes contre l’amiante dans l’Éducation nationale. Elles se heurtent souvent à une fin de non recevoir des pouvoirs publics. C’est le constat qu’avaient fait les profs du lycée Georges Brassens à Villeneuve-le-Roi.
Notre but est d’apporter aux enseignants et aux parents d’élèves un outil pour connaître leurs droits, échanger des expériences et surmonter leur isolement. Il est aussi de faire pression sur les pouvoirs publics.

Emmanuel : Nous avons évoqué le projet en décembre 2018 avec les profs du Lycée Brassens et l’Addeva 93. Et nous nous sommes mis au travail.

Comment le site a-t-il été lancé ?

Cyril : En janvier 2019, nous avons mis en ligne le site Internet et un groupe Facebook. Il y a eu une relance de la question de l’amiante à l’école dans les médias. Le journal Libération a fait un dossier de six pages.

Emmanuel : Libé a aussi publié une tribune libre du collectif Urgence amiante écoles, appelant à lancer une enquête citoyenne pour forcer les autorités à agir.

Elle insistait sur l’urgence d’établir un état des lieux détaillé et exhaustif de l’amiante dans tous les établissements scolaires pour éviter de mettre en danger les élèves et les personnels.

Il rappelait que tout parent d’élève, tout membre du personnel doit pouvoir accéder librement et sans restriction au dossier technique amiante (DTA), conformément à la loi. 

Cet appel a été soutenu par l’Andeva, l’AVA, Ban Asbestos France, la Cavam, le Comité anti-amiante Jussieu, le Réso a+, et l’association Henri Pézerat.

Que s’est-il passé ensuite ?

Cyril : Nous avons reçu une série de témoignages qui révélaient une méconnaissance de la réglementation et une difficulté à trouver des informations...

Emmanuel : Il y a un énorme travail d’information et de sensibilisation à faire. Nous leur donnons des outils pour s’opposer au déni de l’administration : les statistiques de l’ONS, la réglementation, les droits du personnel...

Cyril : ll nous est difficile de répondre à toutes les sollicitations. Nous avons tous les deux une activité professionnelle. Il y a beaucoup d’échanges. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie.

Emmanuel : Nous aidons ceux qui nous contactent, mais nous ne voulons pas nous faire passer pour des experts.

Cyril : La question des DTA est essentielle. Peu de collègues le demandent. Peu de ceux qui le demandent l’obtiennent. Ceux qui l’obtiennent s’aperçoivent souvent qu’il est incomplet, imprécis et n’est pas remis à jour.

Notre but est de construire un réseau qui permette d’échanger des connaissances et de partager des expériences.

https://urgence-amiante-ecoles.fr/