« J’ai été sapeur-pompier ptofessionnel pendant trente-deux ans. Je suis en retraite depuis neuf ans, explique Michel. En trente-deux ans de carrière, on ne m’a jamais parlé du risque amiante ».
Il y avait dans la profession des consignes opérationnelles et des mesures de prévention pour les risques mettant en jeu la vie des sapeurs-pompiers de manière immédiate : les explosions, les effondrements ? le risque chimique, le risque radio-actif et autres risques connus. Mais pas pour le risque des cancérogènes, mutagènes ou reproxiques (CMR) - dont l’amiante fait partie - qui provoquent des maladies, 30 ans après. J’en veux pour preuve la non reconnaissance, à ce jour, de l’amiante dans les attestations d’exposition. »
Neuf ans ont passé. Les choses ont-elles changé ?
L’existence d’un fort risque « amiante et CMR » chez les pompiers est confirmée par une étude [1].
récente de la Cnracl [2].
Les fumées et les suies véhiculent un dangereux cocktail de produits chimiques parmi lesquels des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Le risque amiante est important. Selon une étude américaine portant sur 30 000 pompiers, le risque de mésothéliome est deux fois plus élevé que dans la population générale.
La Cnracl cite le médecin biologiste Claude Danglot :
« Lors de la destruction d’un bâtiment par un incendie, les souffles et les brutales augmentations de température entraînent la libération de fibres d’amiante auparavant immobilisées (flocage, parois, plafonds, dalles de sol, joints…). Les fibres ainsi libérées sont entraînées vers le haut par un mouvement de convection ascendant et sédimentent lors de leur montée dans l’atmosphère en raison de la baisse de la température, puis retombent sur les sapeurs-pompiers et les personnels d’assistance situés en retrait. »
Dans la phase d’attaque du feu, les pompiers portent une protection respiratoire autonome (ARI), mais rarement dans les phases de déblai et de surveillance, alors que des millions de fibres d’amiante et des fumées toxiques sont encore dans l’air ambiant.
Les pratiques courantes sont inadaptées :
« Le personnel et le matériel n’étant pas décontaminés avant le retour en caserne, l’ensemble du personnel et le véhicule se trouvent ainsi contaminés ».
« Arrivés à la caserne, la priorité est donnée au reconditionnement du matériel au détriment de la décontamination du personnel. »
« Le nettoyage de la tenue de travail est souvent effectué au domicile du sapeur-pompier. »
La Cnracl recommande de « considérer que chaque incendie est une intervention exposant potentiellement aux risques CMR, amiante... ». Elle a publié une liste de préconisations qui - malheureusement - tardent à être appliquées.
Tant qu’il n’y aura pas de réelle avancée, les intervenants continueront à mettre leur santé en danger.