Ces trois journées ont commencé par une réunion publique dans la ville de Cerdanyola au sud de Barcelone.

La plus grande usine d’amiante-ciment en Europe

La société Uralita appartenait à la famille suisse Schmidheiny, propriétaire d’Eternit. En 1978, elle employait plus de 5000 personnes dont 3000 à Cerdanyola, qui était alors la plus grande usine d’amiante-ciment en Europe.

L’usine empoisonnait ses ouvriers. Proche du centre-ville, elle déversait ses fibres mortelles sur le voisinage. On mettait du fibrociment dans les écoles et les gymnases. Pour éliminer ses rebuts de fabrication à moindre coût, Uralita les soldait généreusement à la ville et aux particuliers. Les chemins de terre, les allées de jardin en étaient couverts.

Fermée depuis 20 ans l’usine tue encore

L’usine d’amiante à Cerdanyola a fermé ses portes en 1997 ; l’amiante est interdit en Espagne depuis 2002, mais - ici comme ailleurs - elle continue de semer la maladie et la mort.

Ici, les victimes environnementales sont nombreuses dans un rayon d’au moins deux kilomètres autour de l’usine1. Apportées par les vents dominants, les fibres tueuses ont aussi arrosé Ripollet, commune voisine de Cerdanyola.

« Un génocide social, moral et environnemental »

Le 4 octobre, la salle de réunion est pleine. Il n’y a pas assez de chaises pour accueillir les anciens ouvriers d’Uralita et les habitants.

Le fils d’un ouvrier mort d’un mésothéliome, sculpteur de profession, présente le monument qu’il offrira à la ville en mémoire des victimes.

Les représentants de l’association catalane et du collectif Ronda, les maires de Cerdanyola et de Ripollet, et le docteur Tarres sont à la tribune. Le décor est planté : « Les victimes sont connues, les empoisonneurs aussi »« La société Uralita a commis un génocide social, moral et environnemental ».

Dans la salle, des victimes crient leur indignation d’avoir été empoisonnées par des gens qui savaient.

Pris à partie, les jeunes maires présentent leurs excuses (pour les fautes de leurs prédécesseurs).

Ils porteront longtemps le fardeau de ces souffrances et des gigantesques travaux nécessaires pour dépolluer le site d’Uralita.