Les statistiques officielles le confirment. Elles sont pourtant encore très au-dessous de la vérité.

KATHLEEN RUFF
« Ces chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg »

Le Canada a été longtemps le fer de lance de la production et de l’exportation de l’amiante dans le monde. Grand exportateur aussi de mensonges rassurants sur l’innocuité de l’amiante.

Les mines d’amiante canadienne ont fermé, mais la société canadienne commence à prendre la mesure de l’effroyable coût humain de cette production.

Le nombre de mésothéliomes a doublé en 20 ans

Statistique Canada a recensé 560 nouveaux cas de mésothéliome en 2012 (276 de plus qu’en 1992). Entre 2000 et 2012, les décès dus à ce cancer ont bondi de 60%.

Au Québec – où étaient les plus importantes mines d’amiante – on a compté 180 nouveaux cas de mésothéliome. Il y en avait 90 vingt ans plus tôt. L’Ontario a enregistré 175 nouveaux cas en 2012, contre 85 en 1992, la Colombie-Britannique 85 cas contre 40 il y a deux décennies.

Une évaluation sous-estimée

« Ces chiffres montrent qu’au cours des 20 dernières années, le nombre de cas a doublé et que ce nombre continue à monter, » a commenté Kathleen Ruff, militante anti-amiante de l’Institut Rideau. Et cela ne donne qu’une image très partielle de la réalité. Les scientifiques et les experts de la santé estiment qu’il y a au moins deux fois plus de cas de cancers du poumon provoqués par l’exposition à l’amiante. Ces chiffres ne permettent donc de voir qu’une partie du préjudice et de la souffrance et des décès. Ils ne sont en fait que la pointe de l’iceberg. »

L’urgence d’interdire l’amiante au Canada

Malgré la fermeture des mines, l’amiante reste autorisé au Canada.
Paul Demers, directeur du Centre de recherche sur les cancers professionnels en Ontario, a rappelé que des produits contenant de l’amiante, tels que des garnitures de freins, des tuyaux ou des panneaux en amiante-ciment sont toujours importés. Il a évoqué les dangers des travaux de rénovation ou de démolition de bâtiments anciens contenant de l’amiante.
Le 9 novembre dernier, des scientifiques et des associations de nombreux pays avaient écrit au premier ministre Justin Trudeau pour réclamer que le Canada interdise ces importations et appuie l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux de la Convention de Rotterdam.

Jim Brophy, qui a dirigé une clinique de santé au travail à Sarnia, dans l’Ontario, a dénombré 1487 hommes atteints d’un mésothéliome en Ontario de 1993 à 2008. « A Sarnia, a-t-il expliqué, il n’y a pas une famille d’ouvriers, qui n’ait perdu l’un de ses membres ou l’une de ses connaissances »

Le congrès du travail demande une loi

Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada, a annoncé que le syndicat national a demandé au gouvernement d’adopter une loi interdisant toute importation et utilisation de produits contenant de l’amiante. Il a pressé le gouvernement de le faire sans tarder, avant que le Parlement n’arrête ses travaux pour le congé d’été.